Fallen Clouds est ce genre d'album dans lequel la technique prime sur les autres aspects. Ceux qui ne mangent pas de ce pain peuvent passer leur chemin. Pour les autres,
Tapage offre une savante juxtaposition de rythmiques alambiquées à la
Richard Devine, sur un fond d'ambient non sans rappeler les travaux de
Hecq.
Les accords vaporeux qui s'y succèdent, les notes évasives posées sur le synthé, participent de ce climat brumeux que suggère le titre de l'album. Les mélodies, quant elles, se développent en retrait. A quelques exceptions près, elles n'effleurent les sens que pour mieux souligner les longues plages sonores qui constituent le matériau brut de cette musique. Malheureusement, elles ne parviennent jamais vraiment à insuffler cet élan élégiaque que l'on peut retrouver chez
Hecq ou
Gridlock. Et, étrangement, c'est quand
Tapage fait intervenir des choeurs de violon (
ML7W) qu'elles paraissent le mieux inspirées. Comme quoi, une simple touche acoustique peut parfois faire toute la différence entre un IDM froid et un autre qui met du baume au coeur.
Mais ce ne semble pas être la préoccupation essentielle de
Tapage. Car là où il excelle, c'est dans la composition des rythmiques. Ce n'est sûrement pas étranger au fait que le hollandais ait fait ses premières armes avec le breakcore et le hardcore. Les glitch de basse fréquence résonnent comme les différents futs d'une percussion robotique, se traînant parfois en de longs warping (
Clap Retrial) qui leur confère une texture moderne reconnaissable immédiatement, presque un symbole du genre.
Fallen Clouds est un album de découpage sonore, de sculpture sinusoïdale à la technique irréprochable. Il me rappelle un peu
A Dried Youth, le premier album de
Hecq, dans cette façon de sublimer les textures tout en délaissant quelque peu le fond. Et comme
Hecq est parvenu par la suite, grâce à une meilleure complémentarité des différents éléments, à proposer des morceaux d'une beauté incroyable, on peut espérer que la musique de
Tapage ait encore besoin de murir un peu pour se révéler dans toute sa splendeur. Pas le meilleur album qui soit, mais un travail prometteur.
Chroniqué par
Tehanor
le 12/06/2009