Les polonais sont bien connus pour leur ferveur religieuse. Pourtant, lorsque
Jacaszek s'intéresse aux églises, c'est plus pour leurs propriétés acoustiques que pour la révérence sacrale.
Jacaszek, en laborantin de la musique, les explore de la même manière qu'un historien de l'art étudierait leur architecture : de manière désintéressée. Succédant à
Treny,
Pentral est la tentative de transformer ces édifices en de véritables instruments. Cet album est la réponse que donne
Jacaszek s'il lui était demandé de représenter de manière sonore l'intérieur d'une église gothique. Pour cela, notre homme a squatté des jours durant plusieurs églises de son bled.
Le résultat, loin de se complaire dans la méditation entendue, est aux antipodes de ce que l'on pourrait attendre d'un tel travail. L'auditeur risque fort d'en faire la cruelle expérience. Ainsi, après avoir été bercé par un premier titre dans la pure tradition modern classical,
Jacaszek fait exploser un chœur d'orgue de la manière la plus violente qui soit. Ces quelques secondes, à peine soutenables, suffisent à prouver que le polonais refuse la contemplation béate. Pour lui, l'église peut être autant envoûtante qu'inquiétante, enchanteresse que sinistre, ou encore d'une extraordinaire brutalité.
Les chants liturgiques se mêlent aux chuchotements ordinaires de visiteurs ; les orgues impétueux aux tintement mystiques. L'image est finalement assez proche de l'impression que l'on peut ressentir en pénétrant dans la maison de Dieu ; là où, comme le dit si bien l'artiste,
"le moindre chuchotement se prolonge jusqu'à l'infini". L'air, froid et humide, est empli d'une aura mystérieuse. Les pierres suintent, les immenses colonnes en imposent aux yeux.
Pentral possède la magnificence d'une cathédrale et la tristesse d'un sanctuaire abandonné.
Chroniqué par
Tehanor
le 30/03/2009
