Svarte Greiner est l'une des entités qui avance masquée - à l'instar de cette photo de pochette dont il est également l'auteur - émanant du cerveau apparemment bien irrigué du Norvégien
Erik K. Skodvin. Un énième double pour celui qui officie déjà au sein du duo
Deaf Center, et gère à ses heures depuis Oslo le label
Miasmah (
Encre,
Jasper Tx,
Paavoharju).
Kappe est sa deuxième sortie pour
Type Records (un label qui a signé
Julien Neto et son magnifique
Fumeur de Ciel ou encore
Midaircondo), un opus bien plus court que
Knive, le précédent, mais tout aussi sombre et tourmenté. Oscillant entre doom et ambient, l'expérience auditive reste ici des plus imagées. On pense alors à certains travaux de
Xela, et plus récemment de
Volcano The Bear (le démentiel
Amidst The Noise And Twigs). Faisant la part belle aux pièces de violons et violoncelles, avec en contre point l'intervention du saxophoniste
Kjetil Moster (membre d'
Ultralyd et croisé dernièrement sur l'excellent
Futuro prochain Lp chez
Rune Grammofon des
Low Frequency In Stereo), la cinématique de ces quatre titres est pour ainsi dire prenante. Au sens propre du terme s'entend.
Entre inquiétude et pulsion de terreur, la frontière est très fine, et c'est bel et bien les tripes nouées, pris à la gorge, qu'on évolue dans ce dédale ahurissant de drones, perclu de distorsions obsédantes. On aura connu plus bucolique comme aventure, et c'est bien de cela qu'il s'agit. Un évident périple. En terre hostile.
La succession hallucinée d'images mentales arachnéennes, que procure une écoute prolongée, au casque notamment, de ces trois quart d'heures d'imprécations soniques n'est effectivement pas de tout repos (le Lychéen
Candle Light Dinner Actress vous obligera certainement à regarder quelques fois derrière vous, au cas où).
Oui cette musique inquiète, ces atmosphères pernicieuses et asphyxiantes, glauques parfois (avec le vrillé
Tunnel Of Love on est plus loin des beatnicks que d'une chute libre dans des catacombes) apparaissent presque toxiques, aliénantes même (le trop long et très bien nommé
Where Am I vous tournera les sens à force d'échos), mais étrangement, exaltantes à outrance pour le cortex (ces murmures drogués dans le vrombissement de
Last Night, ouch !).
Une lente et profonde approche de la noirceur, stimulante mais dangereuse pour qui la tenterait sans précaution. Un cap périlleux à franchir. Alors, méfiance.
Chroniqué par
Yvan
le 04/03/2009