Susumu Yokota voyage à travers le monde de la musique électronique depuis bientôt quinze ans. Avec une bonne vingtaine d'albums à son actif, il en même un des plus dignes portes-paroles. Un titre honorifique a prendre au premier degré en ce début d'année , avec la sortie de
Mother, sa dernière production en date.
En effet, on le connaissait magicien ambient et héraut house (ses travaux pour
Leaf et son copinage avec
Rothko en attestent), adepte des performances artistiques (son ouvrage deep techno,
Triple Time Dance autour des rythmes à trois temps), on le retrouve chez
Lo Recordings en artisan du mot, sur la quasi totalité de cet album (seul
Warmth, solo de piano en chambre d'écho, étant exclusivement instrumental).
Accompagné d'une kyrielle d'invités (entre autres personnes
Caspar Clauser d'
Efterklang,
Ana Bronsted des
Our Broken Garden ou encore
Claire Hope et
Panos Hikas des
The Chap), le producteur japonais leur apprête toute une série d'ambiances complexes et synthétiques, sans autre effort que celui d'essayer de faire exister pleinement ces voix, dans une sorte de quête harmonique délicatement désuette (la bossa lounge à la
Antena de
Love Tendrillses), sobre et variée (beau panel du tryptique poptronica
Breeze/
A Ray Of Light/
A Flower White chanté par la Mancunienne
Nancy Elizabeth déjà croisée chez
James Yorkston et
Tunng).
Ces chants,
Yokota les fait sien et les parent d'une poésie toute en préciosité pop et spleenétique, d'une légèreté électro feutrée et naïve, jamais niaise (exception faite peut-être de
The Natural Process et ses vagues de synthés dégoulinantes).
Ainsi,
Mother regorge d'une matière à la fois dense et légère (
12 Days 12 Nights), déphasée et séduisante (le "Wyattien"
Suture et sa toile de fond en douces nappes numériques), mystérieuse et susurrée (le Dale Cooper de Twin Peaks aurait adoré
Meltwater), le tout sans que rien ne puisse assombrir ce goût du détail, entre impromptu et silence, réverbs étranges et sonorités rémanentes (on pense alors aux
Cocteau Twins, c'est indéniable et pas très grave).
En cette saison, un beau moment de dérive mélancolique où trouver un peu de chaleur et se lover. Oui, c'est ça, comme dans les bras d'une mère aimante.
Chroniqué par
Yvan
le 10/02/2009