Avec son nouvel album intitulé,
The Saltire Wave,
The Downliners Sekt, démontre que tous les mariages sont possibles. En proposant une collision entre bon nombre de genres musicaux, cette formation, bien mystérieuse, allant jusqu’à cacher sa nationalité, propose un recueil de treize titres des plus réussis.
Ouvrant son album par
Scope Creep, le groupe annonce clairement la couleur en mêlant beats lourds et guitares incisives, dont les accents dub rappellent les meilleures productions du label lyonnais
Jarring Effect. À ce titre, le spectre d’
Ez3kiel et de
Hightone, de par ses sonorités, se retrouvera tout au long de l’album, à travers des titres tels que
Panic! Sonic Monk et
Point Omega, véritable tornade
drum'n'bass du plus bel effet. Si le groupe propose autant de variations autour de cet univers, il n’en demeure pas moins que ce dernier ne se limite pas aux poncifs électro en vigueur.
The Saltire Wave propose en outre, ce qui se fait de mieux en matière de post- rock en n’hésitant pas à associer sons synthétiques dignes de l’ambient la plus puriste d’un
Future Sound Of London, aux mouvements post-rock les plus classiques du genre, comme en témoignent les titres
Shulgin et
Shulgin Part 2. Cette inspiration est alors marquée tout au long de cet album : du post-rock minimal d’un
Rrosélicoeur habité dans son album
Drachenhöle (
Jewel Cases), au travail sur les tensions inspiré par
Mogwai sur l’album
Young Team (
School Daze) et plus tard, par la vague acoustique d’un
C.O.D.Y. (
Kaidan). Le travail du groupe ne se situe en aucun dans celui d’un
Godspeed You! Black Emperor ou autres productions du label canadien
Constellation (et leurs produits dérivés
Explosion In The Sky,
Mono en passant par
Magyar Posse, depuis leur album
Kings Of Time) et ce, pour notre plus grand plaisir. En effet, l’influence de ce groupe, depuis la sortie du double album
Lift Your Skinny Fists Like Antennas to Heaven fut telle qu’elle eut pour effet pervers de transformer le genre en pastiches rock symphoniques, tentant tant bien que mal à se démarquer en allant toujours plus loin dans le grandiloquent.
The Dowliners Sekt propose une approche dans la veine du groupe anglais
Fridge qui avait proposé, à la fin des années 90, un mélange subtil entre post-rock et electronica bruitiste. Le groupe aime les courtes plages synthétiques crépusculaires comme
Volga ou
Mobilia Perpetua, mais aussi l’utilisation de la saturation à l’extrême, comme en témoigne le titre de clôture
Solstices. Une approche qui verra son apogée sur le titre
Shulgin où s’associent rythmiques post-rock et sons véritablement étirés, voire essorés, pour en obtenir une étonnante mélodie relayée par des parties acoustiques saupoudrés d’un parfum d’electronica. Dans ce cas de figure, il n’est donc pas étonnant de voir que le groupe glisse jusqu’à la trip hop (
Blackstock Mews) et, plus tard, vers la drum'n'bass (
Point Omega) dont la lourdeur sera contrastée par le titre quasiment acoustique au nom évocateur,
1106 Etoile.
Mystérieux jusqu’au bout des ongles,
Downliner Sekt propose un album qui dépoussière le genre. Une aubaine, quand on sait que ce dernier, tout comme toute la discographie du groupe, est proposée en téléchargement libre sur leur site sous la forme d’une Licence Creative Commons.
