Il se dégage quelque chose d'unique de la musique de
Rumpistol. Une écoute distraite ne laisse les oreilles s'accrocher qu'à ce qu'elle connaît déjà.
Rumpistol, à ranger dans les derniers glitcheurs héritiers d'un son façon
Telefon Tel Aviv. Pourtant, ce que propose le danois va bien au delà de ça. Certaines épices, lorsqu'elle sont bien dosées, créent des saveurs aussi agréables au palais que peut l'être le goût de la nouveauté.
Rumpistol n'invente rien, mais il est habile pour réunir tout ce qui est susceptible de plaire. Il fait parti de cette génération qui a perçu la nécessité d'insuffler aux musiques électroniques une dimension acoustique. Il n'hésite pas à recourir aux cordes (frottées ou pincées) lorsqu'il le faut ; ses glitchs oscillent entre l'abstrait et le tangible, entre l'électrique et le mécanique.
Rumpistol renonce à la musique cinématique. Ses compositions n'ont rien d'invitations au vagabondage onirique. Elles n'ont pas non plus pour prétention d'éveiller quelques affects endormis au profond de votre être. Elles n'existent que pour elles-même, pour être des morceaux, et rien de plus. Des huit pistes de
Dynamo aucune ne sort vraiment du lot. Leurs thèmes sont en retrait, ce qui donne l'impression d'avoir une collection de titres modelés dans une même boue. Les mélodies s'élèvent puis disparaissent. Le tempo, constant, se prête facilement au déploiement de rythmiques trip-hop ou dub. La recrudescence discrète d'instruments donne à certains morceaux un léger parfum de jazz expérimental, dans le sillon de groupes comme
Jaga Jazzist ou
Kammerflimmer Kollektief.
Dynamo est un album complexe, riche, et savamment orchestré. Il mérite sûrement un peu plus que de le considérer comme un énième album du genre.
Chroniqué par
Tehanor
le 05/12/2008