Three Second Kiss officie dans un domaine déjà bien encombré : celui du rock hardcore ou emo, ou disons plutôt, comme je ne suis pas familier de ces catégories, du rock post-
Fugazi et
Shellac. Soit un rock sec, constamment sur la brèche, chanté mais d’esprit nettement instrumental, parfois répétitif, en tous cas obsessif ; c’est toujours une forme d’hypnose, même dans le bruitisme le plus direct, qui y est recherchée.
Three Second Kiss s’en sort d’une belle manière, réussit à se différencier des aînés, à imposer une personnalité tant dans leurs compositions que dans leur son. Le nouveau cru sort sur
AfricanTape, le tout jeune label de Julien Fernandez, batteur de
Chevreuil, et de Mitch Cheney, guitariste de
Rumah Sakit.
Evidemment, on pense à
Shellac à la première écoute, à ceci près que le
Shellac dernière formule se dirige vers une musique moins
in your face, bien qu’elle reste toujours aussi contractée et nerveuse. Il est clair que Steve Albini cherche l’ascèse, le desséchement des compositions, le point de rupture du minimalisme : c'est moins le cas ici.
Long Distance est donc assez différent, et peut-être plus classique parce que plus généreux dans ses choix, pas moins plaisant en tous cas. L’énergie n’y est jamais sacrifiée sur l’autel d’ovnis conceptuels tel que
The End of Radio (sur
Excellent Italian Greyhound). Les trois hommes qui oeuvrent derrière la musique de
Three Second Kiss cherchent au contraire la densité maximale, celle qui leur obtiendra la force de frappe la plus intense sur l’auditeur, l’impact le plus « sonnant » (celui qui résonne aussi bien que celui qui met K.O., si le jeu de mot m’est permis). A tous points de vue, cet album, le cinquième déjà, est une belle réussite.
Chroniqué par
Mathias
le 28/11/2008