"De mère française et de père tunisien, il symbolise l'union pour la Méditerranée". C'est ainsi qu'Arte présente pompeusement
SKNDR (prononcez Skander). Le
reportage porte sur un festival d'électro expérimental organisé à Tunis. Ça a la même saveur qu'un vieux Tracks dont je me souviens consacré au black metal marocain. On bat en brèche les clichés. On s'enorgueille : "voyez, même là on peut en faire". Bon, et après ? Le black metal marocain est un exemple encore étonnant car c'est une musique qu'on attribue volontiers aux pays nordiques. Mais l'électro expérimental – champ relativement vaste – ne s'est jamais choisi un pays d'élection. Si la chose suscite l'intérêt, c'est qu'il existe, à ce sujet, un décalage culturel entre la France et la Tunisie. La Tunisie a dix ans de retard sur la France tout comme la France a dix ans de retard sur la Belgique ou les Pays-Bas.
SKNDR n'a de tunisien que ses origines car sa musique ne fait à aucun moment appel à l'imaginaire véhiculé par le pays ; n'en déplaise à la voix-off qui, pleine de condescendance, continue :
"Ce festival de musique électronique lui donne des raisons d'être fier de son pays".
Rituals fait penser à
Paral-lel ou
Subjex, en cela qu'il tente de prouver que la "brain music" peut parfaitement revendiquer l'autel du dancefloor. Céder au name dropping est relativement tentant tant les hommages qu'on y devine sont nombreux :
Richard Devine (
VGT 4527 UH),
Jackson & His Computer Band (
MaD MonKeYs),
Venetian Snares (
Stamp),
Autechre (
Beyond The Thrill),
Boards of Canada (
Tubeless), voire même le crew
Ed Banger (
Adrenaline). Tout y passe dans une extraordinaire synthèse qui, malgré tout, garde une certaine cohérence. L'avantage, c'est que
Rituals est une pièce très éclectique. Le désavantage, du moins pour l'artiste, c'est qu'il n'existe pas de "son" proprement
SKNDR. Juste un habile mélange de gimmicks efficaces et de destructurations glitch ou breakcore.
Rituals est un album qu'on prend autant de plaisir à écouter qu'à deviner l'efficacité de certains morceaux s'il nous était donné l'occasion de les entendre en teuf. Dans un contexte où les clubs des petits français n'ont de yeux que pour la techno minimale, on ne peut que lui souhaiter de percer.
Chroniqué par
Tehanor
le 29/10/2008