Il est 21 h et la concentration nécessaire pour achever la journée de boulot m’a complètement abandonnée. Les oreillettes branchées à l’ordinateur, je passe mon temps à regarder dehors, scrutant le parcours des gouttes de pluie qui coulent le long des vitres dégueulasses du bureau. Le ciel s’est assombri et la nuit ne devrait pas tarder à effacer de son voile noir la journée pourrie que tous les Nantais ont connue. J’ai l’esprit monopolisé par cette jolie petite brune dont le visage et la démarche habillent chaque clip imaginaire d’
Emiliana Torrini. Pas envie d’être sur cette chaise de bureau inconfortable. Envie d’évasion.
À l’époque où la recette pop folk semble accoucher à chaque fois d’un succès -
Ayo,
Asa… - l’Italo-Islandaise
Emiliana Torrini fait sagement sa rentrée avec
Me and Armini, son troisième album d’un genre équivoque. Simple adaptation aux tendances ? Pas vraiment, puisqu’en 2004 déjà la jolie Emiliana avait pris le virage avec
Fisherman’s women. Quatre ans plus tard, elle reprend les arpèges de guitare sèche et sa douce voix, connue pour
Gollum's song sur le second volet du Seigneur des Anneaux, et envoûte garçons et filles.
Peu importe les images que vous mettrez à l’écoute de
Me and Armini, au fur et à mesure qu’il avance, l’album procure nombre de sentiments différents. De la tristesse sur le magnifique
Birds à la nostalgie de
Hold heart en passant par la joie de vivre de
Jungle drum, Emiliana berce l’auditeur dans une croisière intemporelle. Les arrangements sont propres et chaque petit son est utilisé à bon escient. Celle qui a collaboré avec
Thievery Corporation, et de nombreux autres, n’oublie pas non plus ses origines trip-hop et ses progressions qui vous prennent aux tripes (hop).
Dead duck vaudra là une écoute les yeux fermés.
Emiliana Torrini ne se cantonne pas d’un album pop-folk comme il en sort deux par jour à l’heure actuelle. Plus original - car varié - et abouti que
Fisherman’s friend, le nouvel opus d’Emiliana propose ici un petit voyage léger aux multiples escales toutes enrichissantes. Rares sont ces compositions où rien est à jeter.
Me and Armini est léger dans l’écoute, pas dans sa qualité musicale.
Chroniqué par
Camille
le 10/09/2008