La première fois que dMute touchait un mot d'
Enduser (à écrire maintenant
End.user), c'était pour
From Zero. Cet album est un peu celui qui a permis au DJ de se faire un nom au sein de la scène électronique ; celui avec lequel il imposa son style unique maintes fois imité mais rarement égalé. Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, la musique d'
End.user réconcilie les amateurs de breakcore avec la drum'n'bass, et pousse ceux de drum'n'bass à suer un peu plus que d'habitude. Si
Venetian Snares devait être désigné comme chef de file du breakcore sur son versant IDM,
End.user trônerait surement de l'autre côté de la montagne. Breakcore à écouter contre breakcore à danser.
Beaucoup d'eau a coulé entre les ponts depuis
From Zero, et
End.user n'a cessé de progresser au grès des albums dans sa maîtrise du son ; prétexte suffisant pour motiver cette piqure de rappel. Sur
Left, les breaks sont toujours plus énervés, la basse à se poser les couilles dans une brouette, et les morceaux ont une efficacité redoutable qui n'a rien à jalouser aux musiques metalleuses – d'ailleurs,
End.user n'hésite pas à citer
Napalm Death ou
Dying Fetus dans ses influences. Les connaisseurs sauront apprécier son palmarès rassemblant au fil des signatures les grands labels du genre :
Ad Noiseam,
Sublight Records (RIP), ou encore
Hymen. A l'image de
Richard Devine,
End.user mise avant tout sur la technicité pour en mettre plein la tronche. Ca a l'avantage pour tout amateur de sensations fortes d'en avoir pour son compte, mais peut être aussi la fâcheuse contre-partie de donner des albums qui vieillissent assez vite. Et puis quoi ? La musique électronique s'est vue transposer cette idée héritée du rock, une idée selon laquelle les bonnes galettes seraient celles qui avec le temps ne prennent aucune ride. La postérité est sans doute un critère qui puisse certifier de la qualité d'un album, mais ne perdons pas d'oreille que la musique est avant tout une affaire d'émotions. Ephémère ou durable, qui s'en fout ?
Pour revenir à
Left, on reconnaîtra à
End.user l'art de savoir varier les plaisirs. Si certains morceaux attestent de son potentiel à ravager le dancefloor (
Point Of View), il n'oublie pas non plus qu'il a affaire à un auditeur.
Interruption 3 & 4 viennent agrémenter l'album de pauses dubstep bien appréciables entre toutes ces pièces de charcuterie. Et même lorsqu'il s'agit d'envoyer la sauce,
End.user n'y perd pas son art de la rythmique qui a peu de choses à apprendre d'
Amon Tobin (
Fear). On notera quelques invités comme
Sol Thomas, illustre inconnu dont le chant apporte à
Black Light une couleur très
Nine Inch Nails. Le prestigieux
Scorn aussi, qui remixe ce même morceau en lui injectant un beat tellement lourd qu'il en induit un léger déséquilibre avec le mastering du reste du skeud.
End.user livre un album qui, non content d'égaler par ses idées ses productions antérieures, se pare d'une texture sonore toujours plus robuste. A l'aide d'un bon caisson de basse, vous arriverez peut être même à en tirer d'excellents massages pour la plante des pieds.
Chroniqué par
Tehanor
le 31/03/2008