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The Go! Team

: Proof of Youth



sortie : 2007
label : Memphis Industries
style : Rock

Tracklist :
01/ Grip Like a Vice
02/ Doing It Right
03/ My World
04/ Titanic Vandalism
05/ Fake ID
06/ Universal Speech
07/ Keys to the City
08/ The Wrath Of Marcie
09/ I Never Needed It Now So Much
10/ Flashlight Fight
11/ Patricia's Moving Pic

Comme toutes les meilleures choses de la vie, The Go! Team a débarqué sans crier gare. Leur premier album en forme de tornade (Thunder, Lightning, Strike) nous avait ainsi pris par surprise, mélangeant à peu près tout ce qui lui tombait sous la main (pop, soul, hip hop, guitares, samples, cuivres...) pour parvenir sans effort apparent à créer un bordel musical si jouissif qu’il aurait redonné le goût de vivre à Ian Curtis.

Deux ans plus tard, cette troupe de doux allumés persiste et signe : à leur tête, un autre Ian (Parton) continue de fabriquer ses chansons comme d’autres font des lasagnes – par empilement de couches, et en respectant le principe (pourtant casse-gueule) du « plus il y en a, mieux c’est ». Ainsi, chacun des titres de ce deuxième album fait se télescoper les éléments les plus disparates, sans le moindre souci de hiérarchisation.

Un exemple ? Patricia's Moving Picture démarre sur des guitares carillonnantes noyées dans le delay, se poursuit par une course-poursuite entre des claps et un chorus de Moog, zig-zague ensuite entre des zébrures d’harmonica et des aplats de cuivres où plane l’ombre de Burt Bacharach, avant que les guitares ne reprennent le dessus – mais cette fois dans un état d’ébullition que l’on n’avait plus guère observé depuis les grandes heures de My Bloody Valentine. Le miracle étant que de ce bric-à-brac émerge une mélodie lumineuse, où souffle çà et là une très légère brise de mélancolie.

Encore ne s’agit-il là que de l’instrumental qui ferme l’album ; mais les dix autres titres qui le précèdent sont du même bois – exotique, le bois. Epuisant ? Même pas – et c’est bien là le vrai tour de force de ce disque : le goût des mélanges et la frénésie générale qui le caractérisent ne l’empêchent pas de ménager de subtiles nuances d’atmosphères. Pop façon Sarah Records par ci (I Never Needed It Now So Much et sa mélodie piano-voix à l’unisson, portée par le charme ingénu de Solex), groove blaxploitation par là (Flashlight Fight, mitraillé par Chuck D de Public Enemy sur fond de sirènes hurlantes), instrumental tout en douceur rappelant les disques bleutés des Sneetches (My World) perdu au milieu de riffs de cuivres millésimés « soul sixties » (The Wrath of Marcie) : The Go! Team joue sur les contrastes, et donne ainsi vie à un univers foisonnant, mais jamais indigeste.

On serait tenté d’ajouter que ce disque ne ressemble à rien de connu ; mais ce ne serait pas vrai – et c’est bien là le seul reproche qu’on pourrait lui adresser : en effet, Proof of Youth est le portrait craché de son prédécesseur, l’effet de surprise en moins. Les différences entre les deux disques sont ainsi plutôt subtiles (des références au hip hop old school un peu plus marquées ici – symboliquement, ce sont d’ailleurs les pionnières Lisa Lee de Cosmic Force et Sha Rock de Funky 4+1 qui ouvrent les festivités sur Grip like a Vice...) – ce qui, pour autant, ne remet pas en cause la formidable efficacité de l’ensemble.

En attendant un troisième album qui devrait remplir la mission traditionnellement attribuée à tous les troisièmes albums (permettre à l’auditeur de savoir s’il a eu raison de croire au talent d’un groupe, ou s’il s’est au contraire fourvoyé depuis le début), Proof of Youth reste encore le meilleur antidote que l’on ait trouvé contre la morosité. Et vu le climat (politique ou météorologique) ambiant, on aurait tort de faire la fine bouche.



Chroniqué par Bigmouth
le 10/02/2008

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A lire également sur dMute :
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(2005)
Memphis Industries
Abstract rock



1 commentaire

par mkz (le 22/03/2008)
Je partage tout à fait ce point de vue. En particulier sur la filiation directe avec le 1er album. C'est du très bon son, mais l'effet de surprise en moins. Reste qu'il y a certainement quelques amateurs qui ont raté le 1er album... alors la surprise en sera que meilleure.
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