Comme une placide mare embrumée un matin d'hiver, la musique de
Fedaden semble inanimée. Mais sous la surface, la vie est bien réelle. Car, malgré l'opacité et l'immobilisme de l'eau, on parvient parfois à deviner les courbes d'un poisson ou le ballet aquatique étrange de dytiques.
Il en va de même pour
Palabras, deuxième opus sombre du toulousain
François Fedabeille qui fait la part belle à ces ambiances marécageuses. Plus ambient qu'électronica, il noie l'auditeur dans un liquide épais et purulent.
Try ouvre l'album et déploie péniblement une mélodie geignante et malsaine sur une rythmique caverneuse. Le morceau rappelle
Blue Calx, autre pièce ambient d'un certain
Aphex Twin, parue sur son fameux
Selected ambient works volume II.
L'univers d'
Upheaval est plutôt à chercher du côté des
Boards of Canada, tout comme pour
Intercourse et
Clones d'ailleurs. Comme entouré d'un brouillard, ces tracks exploitent une atmosphère incertaine, basée sur des sonorités très seventies et revêtant un caractère très lisergique.
Le titre éponyme conserve ces teintes ambient avec de grandes nappes de synthés aériennes, néanmoins le tout est habillé par de fins craquements et cliquetis évoquant cette fois-ci le minimalisme d'un
Pôle ou d'un
Murcof.
Fate clôt
Palabras de fort belle manière. Plus cinématographique que les autres, le morceau instaure un climat de tension irréel, aidé en cela par la superposition de vagues synthétiques obscures.
Loin d'être figée donc, la composition de
Fedaden renoue avec les grands travaux ambient des années 90 tout en ayant son identité propre, son style. Mais attention, plusieurs écoutes sont nécessaires pour l'apprivoiser et en cerner toutes les qualités. Tant mieux finalement, car cela ajoute du charme à un bien bel ensemble.
Chroniqué par
Fabien
le 03/02/2008