Bonnie Prince Billy savoure la provoc facile. Les teasers lancés en 2006 pour la sortie de
The Letting Go le montraient déjà formidablement.
À la toute fin de l’année 2007, il sort un EP de 8 titres et de 30 minutes,
Ask Forgiveness. Un maxi aux timbres chauds qui confirme l’intimité du répertoire et de l’univers de
Bonnie Prince. Murmures, arpèges, quelques discrets arrangements. La folk de l’Américain est toujours aussi touchante, à ceci près qu’on est ici bien loin de l’album de berceuses… Au programme de cet album de reprises, on trouve des compositions de lui-même (jolie ruse…), de
Björk, mais aussi et là réside la farce, de
Frank Sinatra et de…
R. Kelly. Merde. Il a osé.
L’humour s’arrête là puisque le talent de
Bonnie Prince prend ici la relève. Prenons le duo de
Björk et de
Thom Yorke,
I’ve Seen It All, paru sur
Selmasongs. Le pari est osé, et la relecture folk du titre fonctionne à merveille. Le plus étonnant est encore ce véritable travail d’alchimiste opéré sur l’horrible morceau de
R. Kelly, ce génie du ring et de la ringardise.
The World’s Greatest est en fait simplement une très belle balade. Il suffisait de le savoir, ou d’entendre
Will Oldham. Idem pour les
Danzig, héros oubliés du hard rock le plus caricatural, ici revisités en guitare voix…
On se demande juste si
Bonnie Prince demande qu’un pardon miséricordieux soit accordé à ces 8 titres qui n’auraient jamais dû voir le jour, ou s’il implore pardon à son public d’avoir osé relire ce répertoire.
La seule chose que l’on ne lui pardonnera pas est de nous avoir fait aimer
R Kelly…
Chroniqué par
Igor
le 28/01/2008