MF Grimm

Catch me if you can, I'm the Gingerbread Man!

Elle est bien triste l'histoire du petit bonhomme de pain d'épice quand même... Cette brave pâtisserie, qui, à peine sortie du four, s'enfuit sur les routes de campagne, au nez et à la barbe de sa créatrice, sans bonjour ni merci, cavalant à fond les ballons pour ne pas se faire rattraper. Il s'en moquait, il courait plus vite que tout le monde : vieille dame, fermier, vache, cochon, cheval... chacun des poursuivants y allait de son souffle au coeur, sauf... le renard ! Plus malin que les autres, il utilisa la ruse pour piéger le fugueur et, en définitive, le bouffa.
Quelle babeloche ce pain d'épice!

I kill'em off, one by one!

Il faut croire que ce conte pour enfants en a marqué certains, c'est le cas du déjanté rappeur à roulettes MF Grimm, qui pour son quatrième solo ressuscita le gentil pain d'épice et le façonna en une caricature du rappeur new-yorkais moyen, du moins l'idée qu'ils veulent nous donner, pas fins, à la gâchette facile, et à l'attirance à peine dissimulée pour les femmes aux formes généreuses.

You not a fox no more, nigga you're a rat!

Avatar parfait pour changer légèrement la fin de l'histoire, car dans le rap, on n'aime pas les losers. Autant dire que "Gingy" a su facilement se débarrasser du renard qui lui causa la mort dans l'histoire originale, ici en lui faisant seppuku.
Une fin alternative qui a pour but non pas de créer une quelconque suite à l'histoire, mais qui a plutôt une fonction de prétexte pour justifier les délires mis en place sur chacune des chansons par MF Grimm.

I want the money, fuck the fame!

Pour ceux qui ne connaisse pas ce MF (ou GM) Grimm, c'est un peu le 50 Cent du pauvre, un rappeur new-yorkais au parcours plus qu'atypique mais, à la différence de ce dernier, aux travaux méconnus.
11 balles reçues au début des années 90 (ce qui lui coûta l'oeil gauche et la mobilité de son cou, il est à ce jour toujours en fauteuil roulant), une condamnation à perpétuité en 2000 (juste après son EP commun avec MF Doom), il ne fera que trois ans, période où il se paya le luxe d'une journée de liberté à 100 000$, le temps pour lui de sortir son premier album solo, The Downfall Of Ibliys : A Ghetto Opera, enregistré en seulement 24 heures donc. Suivirent deux autres albums solo, Scars & Memories et American Hunger.

Your favorite hip hop stars : Gingy murders them!

En définitive, MF Grimm ne tient pas là sa "masterpiece", et pourtant, on y était presque ; à 2-3 titres un peu plus travaillés en terme de production et quelques textes un peu plus élaborés par moment disons.
Les producteurs, parlons-en, une petite équipe emmenée par Stricknine (qui a notamment composé pour Thirstin Howl III) qui produit la grande partie de l'album, Metabolis et Aksim ont chacun leur titre. Rien à leur reprocher, si ce n'est un léger manque de folie et de prise de risque par moments.
Quant à MF Grimm, il joue son rôle du début à la fin, chaque titre décrivant une petite saynète, que ce soit ses ébats sexuels avec Grettel dans "My House", son combat final avec le renard dans "The Fox" ou un classique titre egotrip comme "Gingy". Bref, on ne s'ennuie pas, d'autant que le phrasé articulé et haché de Grimm permet de saisir assez rapidement ses dires.

Gingerbread rule world !

Ce concept album fait partie des réussites de l'année passée et a le mérite de nous tenir en alerte du premier au dernier morceau, chose rassurante après son indigeste American Hunger, qui n'a d'historique que le fait d'être le premier triple album hip hop réalisé.