Visible in Darkness est une alternative pour les fans d’
Amon Tobin qui n’en peuvent plus de patienter entre chaque album de leur maître. Son auteur,
Frank Riggio, artiste français né en 1980 et originaire du pays toulousain a délaissé la hardtek pour se frotter à la composition et à l’art du sampling. Des samples empruntés à droite à gauche. Chaque titre pourrait être associé à un film, laisser défiler des images sans aucune parole. Un univers cinématique envoûtant.
Frank Riggio s’inspire clairement des résidents de
Ninja Tune. Digne héritier d’
Amon Tobin sur
In Extremis et
Open 7 Days ou fils fidèle du couple
Cinematic Orchestra &
Bonobo avec
Hexalight, le créateur français ne cherche pas à masquer ses origines musicales, s’amusant même à recréer un univers identique. La première piste,
Articulation, ressemblerait même au
Peuple de l’Herbe. Pas étonnant quand on connaît la propension des Lyonnais à faire de leur musique une œuvre cinématographique.
Et si
Frank Riggio était en fait une doublure des grands poulains de la scène électronique ? Des titres tests, trop risqués pour les stars qu’ils sont devenus, comme une commande passée à un sous-traitant. Ou pire, un sosie utilisé pour palier un manque de productivité ? Certains titres nous prouvent que ces suppositions ne sont que le fruit d’un esprit torturé, voire malsain.
Minass Morgull, mélange l’acidité d’un beat jazz-jungle à la profondeur des samples industriels. Par-dessus, la voix séquencée déjà utilisée par
Rubin Steiner sur son
Lo-Fi-Nu Jazz, parachève le tout. L’album est profond, puisant sa force dans les nappes sombres de second-plan ou les pianos graves. Plus léger,
Momentum, tout droit sorti du pays du soleil levant, laisse respirer l’auditeur, grâce à la rencontre du traditionnel et de l’industriel pour un résultat… cinématique, encore une fois.
Cinetic Energy est remarquable. Allez donc voir le clip.
Visible in Darkness est un bon disque, facile à écouter, où chaque piste crée un environnement spécifique. Pratique pour ceux dont les murs d’appartements sont tristement vides de personnalité. Si reproche il faut faire, disons simplement que
Riggio est tellement proche de ses artistes fétiches que l’ensemble de son disque manque un peu de caractère. Comme un bon whisky, laissons lui le temps de vieillir afin qu’ils exhibent ses arômes, plus distingués, plus subtils. Une chose est sûre, les ingrédients de base sont excellents.
Chroniqué par
Camille
le 12/01/2008