Il y a un peu plus d'un an sortait Project Polaroid, premier album de TomC3, producteur en devenir du duo de la Bay Area, les Dopestyle 1231. Proche de Kutmasta Kurt (les deux albums sont d'ailleurs sortis sous son label, Threshold Recordings), c'est sans grande surprise qu'il fit appel au vétéran Kool Keith pour poser sur ses compositions. Résultat : du pain béni pour le MC, qui ne peut pas se targuer de rapper sur des beats de qualités tous les jours. Mais c'est bien connu, le bonheur des uns ne fait pas forcément celui des autres, et c'est le producteur californien qui en a fait les frais : son travail de production fut entaché par un Kool Keith mollasson, fatigué, très peu investi. Bref, le Kool Keith sur la fin auquel on a affaire depuis 2ans maintenant.
Mais il en faut plus pour décourager TomC3, qui revient cette année avec ce Saga Of The Simian Samurai, accompagné d'une autre vieille gloire du rap new-yorkais, Prince Po, ancien MC des Organzied Konfusion, et dont la médiocrité des albums post-2000 ne fait que donner du crédit à TomC3... dans ses prises de risque en ce qui concerne le déterrage de rappeurs dont-la-carrière-est-belle-et-bien-derrière-eux.
Et pourtant, cette fois-ci, nous avons à faire à un album qui tire une toute autre gueule.
Non pas que TomC3 ait révolutionné sa façon de faire du son, on reste toujours dans du boom-bap bien ficelé, bénéficiant d'une instrumentation live, de samples obscurs et d'une rythmique toujours originale.
Cela dit, ce qui pouvait paraître terne ou brouillon dans certains sons du Project Polaroid n'est plus d'actualité, tout devient beaucoup plus accrocheur, rentre-dedans, et un poil plus ambitieux.
Mais ce n'est pas dans le travail de TomC3 qu'il faut chercher une quelconque explication à la différence de qualité entre les deux opus, mais bien dans le emceeing de Prince Po qui n'a rien à voir avec celui du Dr.Nogatco.
Sans pour autant sublimer les beats, il s'y adapte, certes non sans mal... mais le titre avec Kool Keith en guest, Apocalyptic Medicine, nous montre bien le gouffre entre les deux old-timer, l'un tentant de faire passer ses lacunes pour un effet de style avant-gardiste (quelque chose entre le spoken word et l'essoufflement...), l'autre faisant le boulot, simplement (on donnera tout de même la palme du meilleur couplet à Motion Man pour le coup). Là est la différence.
Pour les textes, c'est du Prince Poetry comme à son habitude, terre à terre mais toujours critique, que ce soit au sujet du sexe (Candy), de la politique (Speak), de la rue (Lessons In Drama) ou de son éternelle nostalgie (Now And Then)
De bonnes productions, une bonne performance du rappeur, vous appliquez cela aux 13 titres de l'albums, sans compter l'intro, et des invités de choix (le néo-jukie Del, Andre the Giant dit AG), et vous obtenez l'une des meilleures sorties hip hop de cette fin d'année 2007.
Et puis, se surprendre à apprécier chacun des titres d'un album de rap, ça relève tout de même de l'exploit et c'est donc d'autant plus appréciable!
Chroniqué par
Lebowski
le 08/12/2007
