La musique anglaise a toujours su où puiser pour renouveler ses sons. On se rappelle le
Clash qui fricotte avec
Mickey Dread ou l'artiste hip-hop
Futura 2000 à l'époque de
Sandinista. On se souvient des Mancuniens de
Factory signant les drôlesses new-yorkaises d'
ESG alors que
New Order découvrait l'electro et la break-dance sur les fauteuils du Fun House de la Grosse Pomme.
Les Londoniens de
Dub Pistols sont coulés dans ce même moule. Mais plutôt qu'espérer, après dix ans d'absence, raviver la flamme d'une electro qui ne les a pas attendus, ils reviennent souffler sur les braises et offrir en pâture leur envie retrouvée d'en découdre.
Et il semblerait que ces adeptes fusionnaires aient eu quelques difficultés à canaliser cette énergie fraîchement retrouvée. Pour preuve, ces treize titres qui tirent tous azymuts.
Une véritable embuscade.
Coincé au cœur même de cet énorme mezzé, vous n'aurez aucune difficulté à trouver votre bonheur. Que ce soit avec l'entrée
Speed of Light (subtile mise en bouche pour des retrouvailles impromptues avec un autre vieux de la vieille, le rapper
Blade, ici sans sa moitié
Mark B.) ou les desserts bigarrés
You'll Never Find et
Open.
Seulement voilà, quand les plats changent à une telle cadence, aussi aguicheurs soient-ils (le pétillant
Running From The Thoughts n'y pourra rien), les arrières-goûts inhibants (la soupe digitale un brin prétentieuse de
Stronger) et les aigreurs acidulées (les plus que dispensables meringues
Cruise Control et
Gave Your Time) pointent leur nez. Oh ! Rien d'avarié. Juste le risque encouru devant autant de saveurs variées.
En fins adeptes d'un art de la table qui ne saurait qu'être mixage festif (nos fins gourmets ont quelque peu perdu de leur mordant politique), les
Dub Pistols ont su contourner cet écueil.
Comment ? Tout bonnement en retournant aux fondements. En exhumant ces bonnes vieilles recettes d'antan qui, avec une once d'ingéniosité et quelques pincées de roublardise, ont toujours pu délivrer leurs trésors : ces fameux passe-droit pour le plaisir à satiété.
Nos Londoniens le savent mieux que quiconque (on ne se relève pas du Big Beat sans en avoir tiré quelques leçons) : c'est avec les plus vieux pots qu'on envoie les meilleures sauces. Et là, la mise en pratique est exemplaire.
Aussi étrange que cela puisse paraître, ce sont en effet les "reprises" - toutes sous le haut patronage du magicien
Terry "2 Tone" Hall - qui retardent l'indigestion. Et permettent de profiter malgré tout du retour des
Dub Pistols.
De
Blondie (le surchargé mais pas dégueu
Rapture), aux
Stranglers (le bien roulé
Peaches) en virant, cerise sur ce sacré gâteau, vers les
Specials (le skankissime
Gangsters toujours aussi fumant).
La nostalgie, un bon digestif ?
Ah ! Bien glacée... Qui mette bien ...Comme là ...
Ouais ! Sans regrets, Camarade !
Chroniqué par
Yvan
le 07/12/2007