Ce premier album ne sort pas de nulle part. Au-delà de son caractère autoproduit qui ne renseigne pas outre mesure sur sa qualité artistique intrinsèque, il déploie une tonalité imprévisible mais jamais absconse présentant un vaste panorama du savoir-faire de son créateur.
Seychal-Mills, comme son nom ne le laisse pas forcément présager, est un projet solo qui germe dans l'esprit de
Vincent Verselle alors musicien chez
The Unexpected et
Grammar and Use en même temps que monte en lui l'envie, je cite, de "dresser un pont suspendu entre évidence et complexité". Ce projet va donc lui permettre de développer un cadre nouveau au service de cette idée, un endroit où entreprendre la synthèse des expériences passées avant de partir en expédition en electronica.
Dandelions est en somme le résultat de ce voyage qui tout en restant assez pop (
Permafrost et ses pas dans la glace, la bluette
Weathervane) met en jeu des méthodes aussi variées que la répétition de rythmes (
Last Breath of a Dying Bull) ou l'approche plus organique et tendue du post-rock (
Tipasa) en passant par l'injection verbale. Au travers des mots de Friedrich Nietzsche (
Was ist also Warheit ?) extrait d'un texte inachevé "Vérité et Mensonge au sens extra-moral" qui en substance nous parle d'abandon de la vie théorique pour la vie artistique, des dialogues de Bram Stocker (
The Dream of Lucy Westenra) ou d'Albert Camus (
Tipasa),
Seychal-Mills entreprend en effet d'inoculer de la littérature à sa musique, enrichissant ainsi les débats à venir sur la dictature du concept et la pluridisciplinarité. Papillonage ou érudition ? La question peut être posée.
Parce que transversale dans l'approche, multi-facettes dans les évocations sonores, amoureusement mise en forme et plutôt froidement produite, il est au final difficile de cataloguer et résumer une telle entreprise. Imaginez juste un vaste champ d'expérimentations gigognes, fusionnant et se métamorphosant en de surprenants hybrides qui, comme la Dent-de-Lion (le
Dandelions de la jaquette, sobre artwork du duo de créatrices
Madame Paris), ce pissenlit de province, fleur composite et rebelle, soient capables d'essaimer au gré du vent. Libre et pluriel, voilà tout.
Chroniqué par
Yvan
le 19/10/2007