La matière première qui a permis la confection de ce
Défrastructure - premier 5 titres de
Deni Shaïn sorti chez les bizontins de
Cryptophyte Prod. - émane essentiellement d'une confrontation provoquée, un rendez-vous de cordes, de cuivres et de voix. L'objet artistique définitif est lui le fruit d'un réagencement suivant un canevas - et quelques scratchs - à haute teneur émotionnelle. Une méthode de travail toute particulière basée sur l'affectif qui n'est pas sans rappeler le travail d'artistes bidouilleurs comme
The Herbaliser époque
Blow Your Headphones (les
Substance Funk Part 1 et
2 sont de ce niveau là).
En butinant ce que la musique organique peut produire de plus persuasif,
Deni Shaïn fait son miel parmi les plus composites et sucrés qui soient (la voix de
Marion Rampal sur
Meli=Hummm qui oscille entre onomatopées hindi à la
Sheila Chandra et vocalises improvisées ). Mais on se tromperait franchement en casant l'électron libre
Shaïn sous l'étendard "pro-
Ninja Tunes", étiquette de complaisance quelque peu castratrice.
Au-delà de toute tentative de référencement, on sent la fibre nomade plus prégnante chez lui. Un paysagiste itinérant et glaneur qui aurait su ramener de ces voyages (en Afrique notamment, très présente sur cet Ep) des images musicales prises à la volée, au gré de rencontres faites loin des sentiers battus. Dans la seule optique de les dévoiler sous un jour nouveau, et nous montrer à quel point on a sans doute eu tort de les croire si familières, prenant alors le risque de passer à côté.
Sous l'impulsion de ce guide attentif, on se retrouve ainsi embarqué dans d'ensorcelants entrelacs de sonorités - basse funk, clarinette stridente, chants griots - toutes plus suaves et apaisantes les unes que les autres (le final
Fantasdiskette remportant la palme). Et on a aucun mal à imaginer la ribambelle de musiciens rassemblés là par
Deni Shaïn , s'interpeler, se croiser et sans plus de mots qu'il n'en faut, assister aux prémices d'une naissance. Une expérience entière et positive en somme.
Chroniqué par
Yvan
le 18/10/2007