Pour le pire et le meilleur, les musiciens japonais — c'est mon impression — osent ce que les autres n'osent pas. Concernant le pire, je ne dirai mot (commentaires assassins ici ou ailleurs et mails inquisiteurs ont eu pour l'instant raison de ma bravoure). Concernant le meilleur, deux lettres suffiront :
Té. Fidèles au format qui avait tout l'intérêt de leur précédent
EP, le groupe expose en quatre titres et à peine plus de vingt minutes, son son. Rien de nouveau, donc. Si n'était
Daitan wa Muchi to Hiretsu no Ko deatte, Tano Shikaku yori Haruka ni 'Oto'ru et son bassiste qui, comme venu tout droit des années 1990, slappe. Et son guitariste qui, se prenant pour un guitar-hero qui ne voudrait pas trop en faire, assène un riff tout simplement anachronique. Anachronique, voire complètement dépassée, c'est justement comme ça que la musique pourrait sonner si ces excentricités, ces idées venues d'ailleurs, d'une autre époque, n'étaient pas parfaitement digérées et intégrées au son de
Té. Ce n'est qu'un morceau, bien sûr, mais il suffit en un sens à montrer à quel point
Té refuse de se couler dans un moule et à quel point il semble avoir toutes les portes ouvertes devant lui. Le reste est plus conforme à ce que l'on peut attendre du groupe : mélodique, rythmique, énergique et parfois même sauvage (comme sur
Kirai na mono wa Koroshite Shimaeba ii, Sore ga 'Ningen' no Suru Koto ka? Zou kereba Koroseba ii, Sore ga 'Ningen' Toiumono Dewanai no ka ne? qui reprend une idée développée par le groupe sur le précédent EP : pousser la sauvagerie à son maximum, foncer tête baissée dans le mur du son et ne s'arrêter que lorsqu'on est à bout de force). Toujours aussi efficace et bien senti. Toujours aussi convaincant, même lorsqu'il aborde des ambiances "cliché" (
Goe o Motte, Kokoro no Soko o Tataite Miru to, Doko ka 'Kana'shii Oto ga Suru qui n'est tout de même pas — loin s'en faut — le meilleur morceau que le groupe ait composé…). Le nouvel album de
Té vient de sortir au Japon. En attendant qu'il nous parvienne, l'impatience est de rigueur.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 15/09/2007