Canadien d’origine,
Sixtoo n’en est pas à son premier coup d’essai. Désormais sous la tutelle du label anglais Ninja Tune, et ce depuis 2004,
Sixtoo, alias
Vaughn Robert Squire, a dessiné
Jackals and Vipers in Envy of Man, un album studio dont certains samples sont extraits de live. Le son est pur, chaque claquement de caisse claire le rappelle. L’utilisation systématique d’un sample de charleston pour accompagner le beat donne à ce nouvel opus un groove impressionnant. Vous devrez en revanche posséder de bonnes basses pour apprécier toute l’étendue de
Jackals and Vipers in Envy of Man.
Moins varié que
Chewing On Glass, ce dernier album ne laisse pas de place aux breaks. Il déroule pendant près de 40 minutes sans véritable pause. Les rythmiques de
Sixtoo hanteront vos nuits tant elles sont assénées à chaque morceau. Pas de place non plus pour l’optimisme. Le Canadien cultive un univers sombre, machiavélique, dont personne ne viendra vous sortir, excepté la touche stop de votre lecteur.
Sixtoo propose en fait un hip hop instrumental nappé, non pas de chocolat ou d’autre sucrerie, mais de mélodies envoûtantes. Il semble vouloir garder un style bien défini, plutôt que de s’aventurer dans les méandres de l’éclectisme. Une fidélité à toute épreuve, qu’aucun style ne pourra venir déranger. L'artiste varie peu les tempos, gardant un rythme de croisière tranquille.
Au fil de ses morceaux,
Vaughn Robert Squire embarque des petits animaux, dont chacun possède un cri particulier. Chef d'orchestre de cette cacophonie organisée, le Dj fait respecter l'ordre dans ses créations et dompte parfaitement le sauvage sampler qui semble vouloir n'en faire qu'à sa tête. Dans la
Part 1, l'homme invite un clavier hypnotique à rejoindre son navire pour une ascension déroutante comme
Archive a pu si bien le faire, et avec laquelle les Anglais tentent de recoller les morceaux.
Les sons de cordes à l'arrière-plan, comme sur la
Part 2 rappellent
Bonobo et son chill out maîtrisé. Encore un nouvel animal à bord! Certains morceaux, comme
Sidewinders sur
Chewing On Glass, faisaient déjà penser à son compère de Ninja Tune. Pourtant l'album serait meilleure bande son de film d'action américain que générique de 30 millions d'amis.
Autres créations intéressantes la très électronique
Part 6 ou le hip-hop teinté de dub de la
Part 9,
DJ Vadim a dernièrement expérimenté.
Je ne cache pas ma frustration de ne pas voir un MC venir encenser chacun des morceaux. Les paroles expliqueraient un peu mieux cet album énigmatique. Et puis non. La musique nous en dit tellement plus. Comme dans un bon roman, l'auditeur pourra imaginer lui-même le décor, simplement guidé par l'auteur. L’auteur d’un roman qui s'intitulerait "Rythmiques hip-hop soignées." Et pourtant l'homme ne serait pas musicien…
Chroniqué par
Camille
le 04/09/2007