La délicieuse et délicate
Ane Brun s’est essayée, sur dix titres, au duo. Celle qui assume son art comme égocentrique a donc changé son fusil d’épaule et fait prendre un virage à 180 degrés, au moins le temps d’un album, à une carrière solo marquée par l’absence de collaborations extérieures.
Songwritter de choix,
Ane Brun sait se faire interprète : la majorité des titres a été composée par ses invités. Norvégienne vivant à Stockholm, elle s’est entourée de nombreux scandinaves, faisant de
Duets une palette éclectique des productions pop folk de l’Europe septentrionale. Seuls les canadiens
Ron Sexsmith et
Wendy McNeill, ou le français
Syd Matters, viennent d’autres horizons.
D’une country folk traditionnelle, en belles balades aussi minimales que fragiles,
Ane Brun évolue avec brio dans différents registres. Le
Little Lights de
Syd Matters est formidablement interprété, comme
Rubber and Soul, magnifique composition de
Teitur dont la voix force la confusion avec
Kings of Convenience. La superposition des timbres est épatante d’évidence, la mélodie cristalline.
Ces belles réussites ne cachent pas certaines faiblesses de
Duets, cette lourdeur de
Sivert Höyem de
Madrugada, la fadeur de
Song No. 6 ou tout simplement la qualité inégale de ces chansons à deux. Petit livre ouvert de promenades à la guitare,
Duets est un album très personnel. Son plus grand intérêt est peut-être de nous donner à entendre des voix méconnues et de nous forcer à écouter d’urgence les productions de
Liv Widell,
Teitur ou encore
Tobias Fröberg.
Chroniqué par
Igor
le 11/08/2007