Formé lors de l'édition 2006 du Festival Banlieues Bleues, Speeq impose avec ce concert donné à Strasbourg une virtuosité tirée des originalités complémentaires des trois membres qui le composent - Hasse Poulsen (guitare), Mark Sanders (batterie) et Luc Ex (basse) - et d'une invité de taille – Sidsel Endresen (voix).
Improvisant treize titres, le groupe choisit de ne pas trop donner dans l'abstraction, et tisse au fil des envies une musique efficace repassant des leçons signées Derek Bailey autant qu'elle doit à un rock progressif ou qualifié de post, décide de plages bruitistes ramassées ou se permet un impromptu sur mode latin. Délurée, Endresen répond avec une verve éclairée aux plaintes des guitares et aux assauts anguleux de la section rythmique dans un langage incompréhensible – portée par une frénésie qui ne s'embarasse pas de soigner son allure – ou en empruntant des rondeurs à un folk inédit singeant parfois quelques standards.
De déflagrations lentes en déraillements jouissifs, Speeq déballe ainsi la palette d'un Or pour lequel il n'aurait pas mal fait de plaider le pluriel, et trouve mille chemins de traverse à une improvisation que d'autres, beaucoup moins capables, s'entichent à confiner en impasses.
Chroniqué par
Grisli
le 10/08/2007