Après deux années d’attente, une longue tournée et un passage en studio interminable,
Amiina sort un premier album digne de ce nom.
AnimaminA
et
Seoul, respectivement sortis en 2005 et 2006 étaient deux EP aussi alléchants que frustrants. . Quelques titres à peine, donnés à écouter ici et là, comme si les quatre petits bouts de femme de Reykjavík cherchaient sciemment à nous affamer.
Avec
Kurr, elles nous offrent douze titres et près d’une heure de musique. Quel luxe ! Entre ces premiers Ep et
Kurr, on peut déjà noter une progression :
Edda Rún Ólafsdóttir,
Hildur Ársælsdóttir,
María Huld Markan Sigfúsdóttir et
Sólrún Sumarlidadóttir ont gagné en maturité et ont coupé le cordon ombilical :
Sigur Rós est désormais loin, même si l’envolée finale de
Glámur ne fait pas illusion. Leur musique s’installe délicatement dans les steppes islandaises, oscillant toujours avec la précision de l’orfèvre entre la musique de chambre d’un quatuor à cordes classique, et la douce folie de celles qui côtoient
Múm,
Mugison et autres locaux.
Chaque pièce est taillée dans une pierre précieuse, chaque titre est un écrin, chaque phrase est travaillée dans une texture qui devient signature.
Amiina poursuit son voyage introspectif non sans surprendre, par moments, l’auditeur averti. Ainsi
Lóri témoigne d’une rythmique et d’une instrumentation hors norme lorsque l’on connaît le minimalisme d’
Amiina : clavecin, accordéon et tambour viennent donner la réplique aux traditionnels violons et violoncelles. Avec
Lóri ,
Rugla est la petite perle de
Kurr - et l’un des rares titres sur lequel des voix religieuses s’envolent, avec
Hilli et
Kolapot. Mais l’essentiel, et la seule exégèse possible, est peut-être dans le nom: Kurr, en islandais, désigne le son que produisent les oiseaux.
Chroniqué par
Igor
le 03/08/2007