Tout est allé très vite pour
Sayem, compositeur et deejay toulousain monté à Paris, ayant abandonné son préfixe devenu trop étroit pour ses ambitions nouvelles. Notre home-studiste, rejeton de la "génération plug-in", a connu ses premiers succès en tant que remixeur, avant de faire ses preuves dans la musique illustrative, avec deux contrats importants qui ont sûrement accéléré les choses. Après plusieurs écoutes de
Phonogénique, sa première livraison, on se demande justement si le départ n'a pas été précipité.
Il serait idiot d'ignorer la qualité de cet album, de rester sourd aux sirènes de cette charmante musique. Cependant en lisant chez mes confrères des éloges sans retenue, je me demande sérieusement s'ils ont soumis le disque à l'épreuve du temps… Malgré un mixage de qualité réalisé par
Jeff Dominguez (
Dj Mehdi,
Oxmo Puccino,
Cassius, etc.), certains titres manquent cruellement d'habillage et de profondeur, passant pour de dispensables esquisses (
Phono,
Génération Plug-Ins). Il arrive parfois de s'ennuyer un peu, ou de rester hébété par la facilité et la répétition de certains gimmicks (la passage de majeur à mineur sur le même accord, par exemple) ou par des similitudes sans équivoque (la nappe de
Record singeant
Archive).
Mais
Phonogénique vous réserve aussi des moments musicaux très insipirés et efficaces. Par exemple quand il invite les frères de
La Caution pour
La Culture, aussi réussi dans le son que dans le texte. Ou à l'occasion d'une fable drôle et réaliste sur Paris, la ville à deux étages (
Il était une fois). Mais
Sayem n'est jamais aussi bon que quand il lâche les brides, sur le sensible et aérien
Superficiel, où quand il invoque le meilleur du hip-hop electro (
Apostrophe,
Orchestra,
L'addition).
Au final, on a un album moyen qui aurait pu être un excellent maxi s'il avait été réduit à cinq ou six titres. Il n'en reste que
Phonogénique est l'occasion, pour le musicien prometteur qu'est
Sayem, de rencontrer son public et de répandre son empreinte dans les sphères musicales de France et d'ailleurs.
Chroniqué par
Rafiralfiro
le 28/05/2007