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Sancho

: Mystery Year



sortie : 2007
label : Seed records
style : Electro Folk

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Tracklist :
01/ We've missed you
02/ As light shone, they fled
03/ March
04/ Yeah, fuck off Ray
05/ Spare rooms
06/ (There's a)ghost in the window
07/ Lover's nest
08/ I'm on your side
09/ Moment
10/ 20 messages
11/ Nobodies
12/ Self(opened)self
13/ B

Sancho, pseudo picaresque derrière lequel se cache une troupe de cerveaux touchent à tout menée par Paul Handford, un ex-Brothers in Sounds. Cette drôle de tribu, alors incomplète, avait annoncé la couleur dès 2004 sur un premier album sorti chez Catalogue (les poulains de l'époque étaient Telepopmusik, Sporto Kantes) Chac-Cha Mancha : la frontière entre folk et electro ne serait définitivement plus étanche, pour ne pas dire carrément poreuse.


Mystery Year, le 2° album de Sancho vient renforcer cette hypothèse à grand coup de pianos débraillés, de guitares de bastringue et d'autres jouets musicaux faits à la main, le tout soigneusement enveloppé d'une électro prodiguée avec parsimonie et même parfois avec une certaine désinvolture (March et son minimalisme mal apprêté tourne un peu à vide et surtout en rond).
On pense alors assez vite à l'ouvrage déjà bien éprouvé d'un Fog ou de ses échappées belles au sein de Hymnie's Basement et tout aussi rapidement on s'éloigne de l'approche épurée de ces chantres de l'électro-folk.

Tout aussi calme et méditatif soit-il - Sancho comme Fog savent bien entretenir les braises le soir au crépuscule - l'envers du décor est bien différent chez Handford et son clan, faisant de Mystery Year une oeuvre toute à fait singulière , hors des sentiers déjà battus. Le différenciel porte d'une part sur la couleur dominante de ces bleuettes hybrides et surtout sur les images que l'on garde de ces dernières : des cartes postales jaunies plus que des figures cinématiques actuelles (la présence sur scène des V.J. Paper Cinema devant contrebalancer cette sensation ).


Mais plus que d'espace figé, d'arrêt devant cette "image d'après" (celle de Cartier Bresson), c'est de foule dont il est question. En effet, les ambiances qui émanent de Mystery Year regorgent de cette sensation d'encombrement qui rappelle ces vieilles photos des rassemblements d'antan.
Car ne vous y trompez pas, Sancho est peut-être signé chez Seed, un label des plus contemporains, Mystery Year n'en est par pour autant une oeuvre essentiellement ancrée dans le présent. Bien au contraire. Cet album n'est pas d'ici et maintenant. Sa mélancolie omniprésente n'est pas de celles que l'on ressent au creux de ruelles sombres et grises en périphérie de je ne sais quel lieu industrieux et désaffecté. Cet opus est rural, sa couleur bistre et ambrée. L'horizon qui se profile à son encontre est celui d'une terre vallonnée aux recoins multiples et variés . Les langoureuses mélodies qui s'étirent calmement, au fil des 13 morceaux, sentent forts la matière organique même si, mâtinés d'électronique comme ils le sont, leurs contours parviennent malgré tout à faire vibrer une autre de nos fibres affectives, stimulant par la même nos attirances les plus synthétiques.

Etrangement, ce sont autant d'impressions qui vous captent instantanément dès la première écoute . En ouverture de ce vaste champ des possibles qu'est Mystery Year, We've Missed You nous explique directement (en 1'45 pour être précis), voix chorales, glockenspiel et violoncelle souffreteux mais exalté à l'appui, que Sancho est de ces familles venues de loin, de ces endroits où il faut savoir vivre avec ses démons et ses fantômes. Aux premières notes on les sent traversant la pièce, errant hagards entre cordes et laptop.
As Light Shone, They Fled ,
avec ses guitares légères et ses interludes renforce cette sensation, reprise de plein fouet par la voix diaphane de Carolyn Evans (co-fondatrice du collectif Betika avec Dave Purse lui aussi membre de Sancho) qui sur Spare Rooms la dépose sur des arrangements allègrement pop (Stereolab et Laetitia Sadier ne sont pas bien loin) le tout incrusté de lignes de synthétiseur qui donnent plus de densité à un morceau par ailleurs plutôt agréable par sa légèreté initiale.


Après une incartade hip-hopisante et atmosphérique en diable - Lovers et sa série de bleeps encordés - arrive le sommet de cet album, 20 messages qui en toute subjectivité reste le plus intéressant de cet album. Imaginez-vous Ian Brown défoncé à la gnôle locale se la donnant avec Slowdive en backing-band, monter sur des tréteaux pour un remake enflammé de la B.O. d'un Tarantino : un savant mélange sous influences d'une rythmique racée, d'électricité hirsute et de passion.


Une image qui finit de nous convaincre que Mystery Year, cet imbroglio de sonorités électroniques et acoustiques en forme de bordel organisé, s'il n'a rien rien de novateur, reste tout de même bien inspiré, remarquablement habité et porteur d'un sens de l'unité hors norme. Ce qui n'est pas anodin quand on sait qu'ils sont tout de même 9 à graviter au coeur de Sancho. L'ouvrage collectif est donc encore possible et ces temps-ci c'est plutôt encourageant de le constater.

Chroniqué par Yvan
le 13/04/2007

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