Quand
DJ Vadim présente un nouvel album, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre.
The Soundcatcher confirme cette tendance, tant certains morceaux surprennent de la part du spécialiste du hip-hop. A la manière d’un artiste du cirque,
DJ Vadim expérimente ses nouveaux tours. Bienvenue sous son chapiteau.
Au milieu de la piste, un jongleur. Pas un jongleur débutant qui s’initie avec deux ou trois balles et les fait tomber régulièrement. Un jongleur confirmé, qui, pendant sa carrière a déjà manié balles, massues ou cerceaux. Aujourd’hui il s’essaie encore à autre chose. Non content des morceaux hip-hop dont il a le secret,
DJ Vadim a encore décidé de changer.
One Self, son projet avec
Blum Rum 13 et
Yarah Bravo, hip-hop version groove & soul, témoignait déjà de sa volonté d’explorer de nouveaux horizons.
Avec
The Soundcatcher, le DJ russe a décidé d’enflammer son hip-hop, comme un jongleur enflammerait ses massues. Tantôt reggae, tantôt r'n’b, les pistes se suivent mais ne se ressemblent pas. L’album, avec des nombreux featuring, abrite tellement de différences, qu’il ne pourra faire l’unanimité. Certains apprécieront les mélodies chaloupées du roots, accordées aux voix chaleureuses des artistes invités. D’autres préfèreront les sons de discothèques bien rythmés, façon hip-hop West Coast bien saccadé. Au milieu du mélange, quelques pistes instrumentales harmonisent cette diversité.
« An experience never to be forgotten » Ces mots clôturent la petite intro de l’album… Un peu prétentieux peut-être. L’album débute par un beat évoquant le
Terrorist présent sur
USSR : Life from the Other Side. Rien à voir ensuite.
Feat feats est un morceau de reggae tout simplement. Pas de dub, mais du roots, façon
Don Carlos ou
Sly & Robbie. La structure est efficace et le morceau très réussi. Un passage dancehall inattendu s’intègre parfaitement tant les transitions sont soignées. L’album se conclut d’ailleurs avec le même chanteur
Emo par une autre piste reggae,
Watch that sound, un peu moins réussie. Les contretemps sont fortement marqués par les cuivres qui ont tendance à transformer le reggae de
Dj Vadim en ska entraînant.
Les pistes les plus réussies demeurent les quelques instrumentaux où Dj Vadim montre, seul, toute l’étendue de son talent.
Milwaukee réconfortera les plus sceptiques. Une petite rythmique sympathique où le Russe joue avec des sons amusants, comme un clown avec ses accessoires. Le spectacle évolue avec les premières notes de violoncelle. On imagine un numéro de trapéziste, tout en légèreté et en altitude, mais déployant une force musculaire colossale.
Manchester s’inscrit dans la même lignée, mais demeure moins planant, malgré les prémisses d’un violoncelle décidémment enchanteur.
Black is the night est également très réussi. Un track trip-hop paisible aux accents reggae, encensée par la voix chaleureuse
Katherin DeBoer. La chanteuse est également présente sur
Kill Kill Kill, la piste ragga-dancehall de l’album, featuring…
Big Red ! Le MC de
Raggasonic, dont on n'avait plus entendu parlé depuis quelques temps, revient avec Vadim pour un morceau explosif, qui réveillera les amateurs. On lève la main en l’air et on ne s’arrête plus de danser !
En marge des nouvelles aspirations du représentant de la scène russe, vous trouverez également des titres plus hip-hop. La majorité ressemble plus aux créations r'n’b de
Jay-Z ou de
Jennifer Lopez (
They say) qu’au hip-hop traditionnel de
Dj Vadim.
Soundcathers, c’est la fin de la guerre froide… Un DJ Russe qui invite
MC Abstract Rude, l’américain typique, pour une collaboration de hip-hop West-Coast. Dommage que cette vague commerciale qui innonde déjà nos radios et télés déferle jusqu’à nos Dj préférés. Certains aimeront, d’autres non !
Dj Vadim produit toujours du bon hip-hop. La preuve en est avec
Talk to me, dont la basse lourde rappelle sans conteste son compère japonais
Dj Krush .
The Sound Catcher ne restera sans doute pas un album de référence, tant les styles sont mélangés. Le nouveau spectacle de
Dj Vadim ne plaira pas à tout le monde. Chaque spectateur gardera en tête les numéros qui l’ont émerveillé ou surpris.Certains regretteront que tout soit nouveau, et que le clown n’ait pas repris les numéros qui ont fait son succès. Une chose est sûre, le public applaudira. A la sortie du chapiteau, les discussions continueront tard dans la nuit, chacun donnant son avis…
Chroniqué par
Camille
le 04/04/2007