Il y a ces disques qui ne résistent pas à la confrontation à leurs références. Et puis, il y a ceux qui restent, ceux que la comparaison n'épuisent pas, mais fait au contraire apparaître un résidu, un supplément qui constitue ce qu'ils ont d'unique. C'est le cas de
The Sea Horse Limbo, deuxième album d'
aMute qui, synthétisant tout ce qui se passe depuis quelques années à la frontière de l'electronica et du post-rock, parvient à transcender ces deux genres.
Entre épures ou épaves de chansons, voix d'homme ou de femme (
Why do I run season so fast,
The floating,
Sea horse), electronica légère saturée de parasites, qui enfle sous des nappes synthétiques avant de se convertir au gré d'une voix insistante et de sonorités aux accents ruraux (
Hit my country),
aMute expose son style fait de nuances essentielles, de touches "inframinces" qui se complètent et s'augmentent.
Et, lorsque les minutes de la musique ne sont plus comptées (
Oh! le zeppelin), le monde s'eclipse pour laisser place à une autre de ses versions, tout aussi riche, faite d'impressions contradictoires, de rythmes élancés et solides, de mélodies enchevêtrées. Ce sont des lignes qui se croisent, des pleins et des déliés — plutôt que crescendos / decrescendos — une certaine écriture sensorielle, si l'on veut, comme un geste qui montre et le regard qui suit et la main et la direction.
Un futur classique, peut-être.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 10/01/2007