Habitués des enregistrements du label Léo Records, le pianiste
Michel Wintsch (sideman récurrent de
Gerry Hemingway) et le batteur
Christian Wolfarth (sideman récurrent de
John Wolf Brennan) invitent le contrebassiste
Christian Weber à improviser en leur compagnie.
Réfléchi, le trio fait preuve d’élégance et se montre judicieux : dans la mise en pratique d’une musique lente bien que martiale, presque naïve bien qu’instruite (
American Fondue) ; dans le recours mesuré au piano préparé, mis bientôt de côté pour offrir toute la place à un cool jazz expérimental fait de grincements et de coups emportés d’archet (
Jimmy Buzzard) ; dans le jazz soudain investi par
Liquid Music, swing entêtant gonflé de dissonances.
Quand
Wintsch prend le dessus,
Weber et
Wolfarth acceptent de suivre la voie d’un gimmick sûr (
Buffalo Hat) ou enrobent de leurs trouvailles des arpèges fantasmant un
Night In Tunisia sophistiqué (
Mushrooms and Umbrella). Ailleurs, le trio peut donner dans la déstructuration, où il se perdra même (les digressions sans âme de
Wintsch sur
The Latter Half of a Century - seul bémol regrettable).
Sans paraître y toucher,
WWW met en pratique une improvisation qui a su prendre du recul pour densifier son inspiration. Jusqu’à faire croire à un répertoire de compositions véritables, nettes et élaborées. Le comble du chic.
Chroniqué par
Grisli
le 12/09/2006