Déjà auteur d’un premier EP chez les mêmes toulousains d’Angstrom (
Moorning en 2003), membre de
Maeko sur l’excellent
Géode, remixeur de talent (
V.L.A.D.,
Domo_Kun …),
Tellemake poursuit sa quête d’une musique introspective et délivre un album à la sensibilité exacerbée, jonchant chacune des pistes d’ellipses malignes, fines et ténues.
Mélodies complexes d’où s’échappent de lumineux interstices d’accalmies,
Christophe Guiraud ouvre les espaces clos avec une infinie patience, laissant entrevoir un phrasé numérique humanisé par un recours aux cordes (violoncelle et piano) et aux voix fragmentées (celle de
Lodz).
Scarbo s’écoute comme une plainte contemplative où s’associent dans un même élan électronique et acoustique. L’auditeur est ainsi consciencieusement pris en main avant d’être mieux lâché en plein vol. Improvisation et accidents se confondent en un maelström bruitiste pour mieux parfaire ces saynètes inspirées (
Bigbandos).
A la fois rêches et porteuses d’émotions brutes, les sonorités de
Tellemake dégagent une sourde sensation, un sentiment de musique palpable, concrète malgré ces volutes évanescentes. Se perdre dans ses méandres avant de retrouver la surface pour une nécessaire bouffée d’air salvatrice (
Calleash), vivre ce crescendo et s’en sortir.
Disponible uniquement en vinyle et accompagné d’un cd-rom complétant à merveille le travail de
Tellemake (inédits, remix et réinterprétations des titres de l’album, visuels de l’incontournable « maitre-image » du label,
Sylvain Fogato),
Scarbo s’écoute et s’apprécie à l’aune d’une musique (l’electronica) ressuscitée par la foi de ses activistes, en tête desquels figure Angstrom.
Dans une langue qui reste à inventer, « musique fiévreuse et inspirée » se dit simplement « Scarbo ».
Chroniqué par
Oropher
le 08/07/2006