Respectivement clarinettiste (mais aussi joueur de cornemuse ou de
chifonie) et percussionniste (doué quand même pour la boîte à languettes ou l’harmonica),
Pierre Langevin et
Pierre Tanguay exposent ici un précis de boulezaille, concept musical leur appartenant, défendu à grands coups d’instruments hybrides.
Convoqués pour la mise en pratique, instruments rarement utilisés (
doudouk,
guimbarde,
douçaine…) et ustensiles de la vie domestique, au son desquels se mettent en place des titres relevant d’un nouveau folklore autant que de l’expérimentation ludique. La mélodie légère d’une flûte, que l’on dépose sur le grouillement de percussions sourdes (
Le grand bonhomme de chemin) tranche avec le drone fomenté par une guitare électrique sur lequel s’installe le dialogue du tambour et de la clarinette basse (
La scie voleuse).
Ailleurs, le bourdon de la chifonie accueille une mélopée intuitive (
Mon Ami), la clarinette et la cornemuse fantasment le voyage en Algérie (
Ne partez pas sans être heureux), et les percussions minuscules rivalisent d’inventions burlesques (
Voilà !).
Rarement l’expérimentation aura été aussi radicalement mariée à la musique populaire. Afin de mettre au jour une musique que l’on jugera nouvelle, même si
Tanguay et
Langevin l’ont exhumé sûrement de traditions enfouies.
Chroniqué par
Grisli
le 29/06/2006