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Para One

: Epiphanie



sortie : 2006
label : Institubes
style : Musique électronique

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Tracklist :
01/Piste Bleue
02/Turtle Trouble
03/Midnight Swim
04/F.U.D.G.E
05/DUDUN-DUN
06/Musclor feat. TTC
07/Les Soleils Artificiels
08/Def Tea Machine
09/Sages-Femmes
10/Liège
11/Clubhoppn
12/Nobody Cares
13/Bobble
14/Ski Lessons Blues

On l'a bien mérité. Epiphanie, "2006, Paaaara One", le premier album sur le label Institubes par le plus stimulant de ses artistes. On l'a attendu un temps comme le messie, s'excitant d'une révolution possible comparable à celle des Daft Punk en leurs temps, c'est fou comme les vieux modèles nous collent encore à la peau. Une nouvelle vague pour un nouveau temps, le genre d'idées auxquelles on cède facilement, tout ça parce que Turtle Trouble, Dans le club ou Clubhoppn ont enchanté nos nuits et nos fantasmes de nuits. Et puis finalement, une écoute d'Epiphanie, une déception qui se transforme en soulagement : cet album n'est décisif pour rien d'autre que son auteur et son auditeur, Epiphanie n'est pas le manifeste d'un nouveau mouvement, mais le bel album imparfait d'un producteur talentueux.

Générationnel ? Un peu tout de même, mais l'amour de ces sonorités-là, synthés qui chuintent de nostalgie, beats digitaux qui jouent de leurs démarcations, n'est pas le privilège de quelques personnes. C'est la logique d'un moment donné où les clubbers ont trouvé des casquettes à leur taille et les geeks des kicks à leur mesure, où cette décomplexion vis-à-vis des genres est enfin établie et comprise, et surtout où elle sonne musicalement naturelle en se confondant avec une vraie personnalité de producteur-auteur. Et c'est une bonne nouvelle qui irrigue les meilleurs inédits du disque, de la symphonie en chambre F.U.D.G.E, un petit bijou tout en simplicité bercé de choeurs rêveurs, à l'évident Musclor : déjà un des meilleurs beats de l'année, TTC en démonstration d'aisance sur leurs thèmes de prédilection, chaque kick ploie comme sous le poids des phases qui s'y appuient, c'est un moment de bravoure et aussi une revanche : " qui aurait cru ça d'un groupe qui faisait des chansons sur les légumes ?".

On envie ceux qui découvriront avec cet album l'aliénant Turtle Trouble dans toute la fougue de ses dérapages sur un relief étonnament glissant. Et plus encore le miraculeux Clubhoppn, concours entre un beat envisagé comme instrument à part entière, et une mélodie synthétique qui franchit des caps et défie des cols, s'imposant chausse-trappes et contorsions jusqu'à frôler l'abstraction, aux cîmes de l'exercice de déconstruction. Les émotions les plus intimes sont prises en otages pour finir dans un torrent multicolore de grooves contrariés qui a oublié tout point de départ.

Pour ceux qui ont éreinté les maxis, il y a encore parmi les inédits le crawl rutilant tourné vers un horizon old school soulful de Midnight Swim, et l'efficace Sages-femmes, basé sur le même genre de scénario que Clubhoppn, en plus resserré, et la magie en moins. Une magie qui viendra surtout de deux morceaux témoins d'une toute récente évolution dans la musique de Para One : Liège et Ski Lessons Blues visent un dépouillement inattendu, risqué mais salutaire. Il faut oser aller à l'essentiel, chercher cette simplicité-là. C'est là où un artiste est le plus vulnérable certainement, mais c'est aussi là que se situe l'occasion d'affirmer pleinement une sensibilité, et ces morceaux en témoignent, d'atteindre une certaine grâce. Car si Liège n'a pas le même éclat que l'émouvant Ski Lessons Blues, la version jouée en live laisse augurer de belles heures d'une musique électronique sensible, qui s'assume comme telle et ne craint pas son autonomie.

Epiphanie montre un Para One bien décidé à dépasser les circonstances dans lesquelles il excelle pour aller tutoyer les grands (mélodistes) de l'électronique, ceux, rares, qui ne se contentent pas de fabriquer de la musique mais racontent des histoires : les Kraftwerk, les Aphex Twin. Plus que les grooves, la force des mélodies extatiques placées au bon moment sont la clé de ses hits dancefloors, des récents remixes pour Daft Punk, Vegastar ou du Dudun-dun présenté ici. C'est une évidence, mais personne dans son domaine ne sait faire rayonner ses tracks comme cela, et c'est ce talent-là sans doute qu'il saura approfondir. Alors Epiphanie aurait pu aller plus loin, et certains morceaux qu'on aurait peut-être tranquillement appréciés ailleurs ne paraissent pas à la hauteur, mais voilà enfin suffisament d'arguments réunis pour qu'au delà des rancœurs et des agitations médiatiques, on apprécie tout simplement la musique de Para One à sa juste valeur.

Chroniqué par Guillaume
le 27/06/2006

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