Invitée par le percussionniste américain
Gino Robair à venir improviser de l’autre côté de l’Atlantique, la tromboniste anglaise
Gail Brand dresse sur
Supermodel Supermodel un abrégé d’improvisation expérimentale à la fois savante et efficace.
Prenant le dessus sur ses partenaires dès
Naomi Naomi, l’invitée profite des avantageuses libertés que lui offre le quartette emmené par
Robair. Intensément, elle se glisse parmi les passages d’électronique angoissée de
Tim Perkis (
Twiggy Twiggy) ou lutte contre les éléments divers, entassés là pour la contrarier (
Iman, Iman).
S’il lui arrive de faire référence à quelques figures incontournables du genre –
Brand rappelant
Paul Rutherford ici (
Elle Elle),
Robair,
Louis Moholo ailleurs (
Claudia Claudia) -, la musique improvisée s’empare naturellement d’autres manières pour fleurir son propos : electronica expérimentale (déferlantes sifflantes de
Perkis sur
Cindy Cindy), bruitisme (rendu surtout par la guitare de
John Shiurba sur
Kate Kate) et excentricités contemporaines (la contrebasse préparée de
Matthew Sperry, sur
Christy Christy, notamment).
Voilà sans doute où réside le charme de
Supermodel Supermodel, disque capable de faire naviguer une improvisation parfois rabâchée entre les deux eaux clairvoyantes d’une électro-acoustique noble (
Linda Linda). D’une modernité rare, parce que véritable.
Chroniqué par
Grisli
le 22/05/2006