En s’associant à
Emmanuelle de Héricourt (
EDH),
Hypo négocie un tournant important de sa carrière, abandonnant le statut d’électronicien-laptoper pour celui de producteur pop. Enfin, pas tout à fait non plus : disons plutôt qu’il est en train de se transformer lentement en un producteur pop.
The Correct Use of Pets est donc un disque hybride, parfait croisement entre sa discographie passée et un désir de pop songs déviantes qu’annonçait déjà
Free Days, avec la même
EDH, sur
Random Veneziano.
Le grand mot d’ordre ici, plus que jamais, est de « créer des mini-tubes potentiels traversés d’expérimentations » : et de fait, le duo approche toujours l’expérimentation par la bande lorsqu’il emprunte un format pop, et réciproquement.
La modalité que privilégie
Hypo, comme par le passé, c’est le cheap, le bricolage lo-fi : jamais musique n’aura autant donné de place à cette éthique du « bon marché » qui traverse chaque disque de
Hypo, et qui fait toujours des albums du monsieur un joyeux bordel, fragments et rebuts assemblés les uns aux autres, sorte de musique déguenillée, en haillons, avec beaucoup d’imagination à défaut de moyens financiers. Dans un format pop, la chose est d’autant plus étrange et jure avec les formes purement libres du passé : comme si, en construisant un rapport de producteur à chanteuse, du poète à sa muse,
Hypo avouait ne pouvoir offrir à celle-ci que des hardes en guise de parure somptuaire.
The Correct Use of Pets définit une royauté pop sortie de nulle part, un petit château en loques, forcément fragile, forcément précieux.
Chroniqué par
Mathias
le 19/05/2006