Contrebassiste sud-africain exilé en Angleterre,
Harry Miller a pu y rencontrer dans les années 1970 certains compatriotes (notamment le pianiste
Chris McGregor et le batteur
Louis Moholo) collaborant déjà avec quelques improvisateurs locaux (
Keith Tippett,
John Surman…). Ayant choisi, parmi eux tous, les membres de son propre groupe, il enregistrera avec
Isipingo un seul et unique album,
Family Affair.
C’est dire l’importance du document qu’est
Which Way Now, enregistrement d’un concert donné en 1975 à Brême, par un sextette dans lequel on trouve
Miller,
Tippett et
Moholo aux côtés de
Nick Evans (trombone),
Mongezi Feza (trompette) et
Mike Osborne (saxophone alto). Sur les pas du
Brotherhood of Breath de
McGregor, le groupe installe un jazz chatoyant et efficace, ponctué ici par les dissonances du piano (
Family Affair) ou là par les attaques nerveuses de la batterie (
Eli’s Song).
Déposant le thème à l’unisson en ouverture et fermeture des quatre compositions, les musiciens se succèdent entre les deux le temps de solos presque tous convaincants (sinon :
Tippett plutôt laborieux sur la fin d’
Eli’s Song,
Osborne peu inspiré par
Children At Play). Marquant les structures de ses gimmicks puissants,
Miller ne cesse d’élargir le champ des possibilités de ses partenaires, ce qui permet, par exemple, de changer un swing allègre en combinaison plus complexe d’improvisations emmêlées (
Which Way Now).
Un peu à la manière dont
Ronnie Boykins – autre contrebassiste – avait, de l’autre côté de l’Atlantique, fomenté
The Will Come, is Now,
Harry Miller réussit à rendre accessible l’avant-garde turbulente d’une époque, à coups d’interprétations espiègles autant que frondeuses. Et à Brême, en plus.
Chroniqué par
Grisli
le 16/05/2006