Mai 1976, New York. 10 nuits durant, se tient le Wildfowers Festival, marathon organisé dans le loft du saxophoniste
Sam Rivers, auquel participent une soixantaine de musiciens parmi les plus emblématiques de ceux issus des deux premières générations du free jazz.
Wildflowers, aujourd’hui réédité, rend compte de cette décade précise, au son d’une sélection de 22 titres établie par le producteur Alan Douglas.
Alors s’y glissent forcément quelques perles. Parmi elles, l’intervention de l’hôte en personne (
Rainbows) et d’un fidèle qui ne manque jamais d’investir un endroit qu'il connaît par coeur,
Jimmy Lyons (
Push Pull). Plus ramassé, le solo du saxophoniste
Marion Brown qui conduit son trio sur
And Then They Danced, pièce impeccable.
Sacrifiant tout, parfois, à l’image que le public s’est fait d’une musique de la revendication, les musiciens donnent dans la rage exacerbée, tels
Henry Threadgill (
Uso Dance),
Leo Smith et
Oliver Lake (
Locomotif N°6),
Andrew Cyrille et
David S. Ware (
Short Short),
Sunny Murray (
Something’s Cookin’) ou
Don Moye accompagnant
Roscoe Mitchell (
Chant).
Mais la New Thing ne peut se contenter de redire ad vitam sa vindicte, aussi convaincante soit-elle. Elle prend alors d’autres tournures, tisse des parallèles avec la soul (
Maurice McIntyre sur
Jays), le blues (
Hamiet Bluiett fantasque sur
Tranquil Beauty), ou même l’Afro beat (
Byard Lancaster et
Olu Dara sur
The Need To Smile), avant qu'
Anthony Braxton,
Charles Brackeen et
Ahmed Abdullah, ou
Julius Hemphill, ne fomentent un free plus réflexif (
73°-S Kelvin,
Blue Phase,
Pensive).
Intelligente, la sélection proposée par
Wildflowers tient de l’anthologie, quand elle témoigne aussi des possibilités d’une seule et unique salve de concerts donnés par quelques musiciens de choix. Qui évoquent, voire résument, ici, l’époque des Lofts Sessions.
Chroniqué par
Grisli
le 11/05/2006