Consacrant selon un choix judicieux son second numéro au label parisien
Plush, autour d’une compilation avec et autour de
Steve Argüelles et
Benoît Delbecq, la revue
Sextant propose un panorama critique (analyses de fond sur l’improvisation, interviews, dont la lecture est bienvenue) et engagé (forcément partisan) du dit label. Initiative bienvenue, tant ce label mérite l’attention des amateurs de musiques mutantes.
Un panorama, donc, qui regarde en majorité les activités de
Steve Argüelles et de
Benoît Delbecq, avec plusieurs titres inédits d’
Ambitronix et un excellent morceau improvisé de
The Recyclers avec
Olivier Cadiot, leur formation avec
Noël Akchoté (
Moveable Feast). Comme à leur habitude, les titres d’
Ambitronix son ambitieux, ambigus, électroniques, et poursuivent dans cette veine géographique qui leur va bien, cette musique de pure atmosphère mais jamais ambient (on la dirait atmosphérique au sens météorologique, une musique climatique tant elle capte avec subtilité, nuance, l’air ambiant). C’est un fait que le duo, en couplant le piano préparé à un dispositif électronique qui (la plupart du temps) ne le retraite pas, mais le décale, le déplace, modifie de manière infinitésimale l’équilibre patient de ses structures (c’est-à-dire, en somme, le retraite mais de manière extrêmement précise, située – la musique climatique comme travail de précision sur un matériau impondérable), de même que la préparation d’un piano en modifie déjà l’équilibre, c’est un fait, disais-je, que le duo a inventé quelque chose, une voie à lui, tout à fait singulière et attachante.
Ambitronix et
The Recyclers forment donc le noyau du disque, défrichage exigeant de territoires dont
Plush détient pour l’instant à lui seul la franchise. A côté, quelques morceaux plus dispensables, comme le titre d’
Ashley Slater ou celui de
Charlie O. Ailleurs encore, partant de choix
a priori faciles (remixer
Rioka Traoré, utiliser une voix parlée, le cliché par excellence de la musique électronique, ici bien contourné),
The Recyclers s’en tirent avec tous les honneurs, accouchant de beaux schémas rythmiques à partir de matériaux difficiles.
Il n’y a plus qu’à faire le vœu d’un public élargi pour
Plush, et retourner à l’écoute de cette compilation de qualité.
Chroniqué par
Mathias
le 11/05/2006