La musique est la parure du temps. A ce titre, elle constitue une dynamique hautement évolutive, et d’une spontanéité surprenante, à s’émerveiller à chaque secondes.
On peut apprécier dans le dernier album de
OSI, intitulé
Free, sorti en avril 2006, l’exaltant éventail de possibilité d’évolution d’un groupe, au sein même de son orientation particulière. On avait apprécié dans le premier album éponyme le savant mariage entre la puissance du métal à la Dream Theater, dont le batteur a d’ailleurs participé pour les deux albums, et une ambiance de recherche sonore directement puisée à la source du psychédélisme - Pink Floyd.
Free marque un saut de géant, et peut déstabiliser par l’ampleur que prend son contenu. Les synthèses et les inspirations sont consommées, et la voix de Kevin Moore est encore mieux intégrée à des riffs de guitare (Jim Matheos) qu’on qualifierait de « matures ».
Free est le beau fruit qu’on attendait après l’album de naissance du groupe.
Plus encore qu’un bon moment de plaisir au sein de l’ambiance très assurée de ce groupe qui assume et expose son originalité sous le meilleur jour, on peut en outre savourer dans cet album, plus encore que dans le précédent, l’inventivité et la vitalité des arrangements, qui au sein de dynamiques tour à tour métal, rock, jazz, voire folk, introduisent un grain d’ambiance, une sorte de vortex, vers une musique réellement nouvelle. C’est probablement la collaboration des deux membres du groupes avec de nombreux autres artistes qui permet cette multiplicité d’inspirations.
Free est un album hypnotisant, qui appelle l’écoute la plus attentive à un monde de détails impressionnant, toujours dans l’objectif plus ou moins assumé – puisque
OSI propose souvent des vidéos dans ses albums – de faire de la musique un lien puissant et irrépressible vers un monde infini d’images. La puissance d’évocation de cet album en fait une des meilleurs balises vers une idée de l’art total. En effet, il ne semble pas tant nécessaire d’exposer, en tant qu’artiste, une infinité d’œuvres d’art de genres différents, que de ressaisir la puissance d’expression et la particularité profonde de chaque langage artistique. Ainsi, on peut le faire miroiter dans l’océan des manières de le recevoir, et ouvrir à une synthèse des arts, qui sache autant intégrer leurs particularités, par la conscience qu’ils sont intraduisibles entre eux, et qui permette en même temps, si on les accorde avec une sensibilité « géniale », d’avoir une vision de l’art en général. Une vision aussi prenante que
kicking (piste 7), et qui permette de lier au delà du temps tout ce qui a été fait, dans une synthèse toujours renouvelée, qui se jette dans l’actuel.
Chroniqué par
Lou
le 04/05/2006