Sous l'oeil engageant du producteur
Al Margolis,
Catherine Schieve et
Warren Burt dressent en deux temps une oeuvre mystérieuse, manifeste érudit tout autant qu'exposé de relaxation sur le qui-vive.
Passé derrière un lamellophone dernier cri, le duo fait d'une lecture neuve de traités et de modes le prétexte à l'élaboration d'une musique abstraite, qui doit beaucoup à la préparation des instruments et compte, pour ce qui est de son exécution, pas mal sur le hasard. Toujours délicats, les coups portés sur lamelles décident d'oscillations incertaines, de réverbérations aptes à accueillir les courses d'harmoniques, et mettent en avant quelques tonalités rassurantes.
Formellement assez proches du
For Bunita Marcus de
Morton Feldman, les deux parties dévoilées ici refusent comme elle la progression évidente, déclinant la moindre annonce de crescendo, pour multiplier, malignes, les amorces de perturbations avec lesquelles l'exécution devra faire ici ou là. La mesure, partout, et la décision juste.
Oeuvrant à la découverte de tonalités alternatives, les deux compositions de
Burt prouvent qu'il est possible de concilier la recherche du compositeur versé dans la théorie et l'écoute contemplative de l'auditeur détaché de tout désir de complexité. Qui se rencontrent ici dans un champ apaisant d'attentions métalliques déposées.
Chroniqué par
Grisli
le 01/05/2006