Les nostalgiques des
A Tribe Called Quest et autres
Pharcyde peuvent se réjouir : les
People Under The Stairs sont de retour. S’ils croyaient ce style de hip hop old school mort, c’était sans compter sur
Stepfather. Ce duo de Los Angeles, qui ne jouit pas outre-atlantique de la notoriété dont il bénéficie en Europe, a commencé en 1998 à distribuer lui-même les 1000 premiers exemplaires de leur premier opus intitulé
The Next Step, lequel sera ensuite distribué à plus large échelle par Om Records. Ce label de San Francisco distribuera aussi en 2000
Question In The Form Of An Answer, dont la sortie coïncidera avec la mise en avant d’autres groupes de la scène californienne comme
Jurassic 5 et
Dilated Peoples.
O.S.T. sortira ensuite en 2002.
Le contexte est posé et, après 4 ans d’absence, les
P.U.T.S. reviennent avec un
Stepfather en bonne et due forme. Une intro très "late 70’s" nous fait vite comprendre qu’ils sont bien loin de la plupart des productions actuelles. Un excellent
Step In ouvre ensuite l’album de façon plus que rassurante. Instru de qualité (même s’il s’agit d’une boucle assez basique) et flows bourrés d’énergie,
Thes One et
Double K nous proposent un morceau dans la plus pure tradition du hip hop, en bons cratediggers qu’ils sont.
Passons rapidement sur un
Pass the 40 qui, sans être mauvais, relève à mon avis plus de l’anecdotique au regard d’autres morceaux.
Pumpin’ commence par une intro faite de brefs samples de divers artistes, avant de laisser la place à un beat toujours aussi simple et efficace. Le reste de l’album est dans la même veine : d’excellents flows old school et des instrus qui, sans chercher à révolutionner le genre, savent s’inscrire dans la plus pure tradition du sample qui a fait le golden age du hip hop.
Flex off,
Days like this,
Eat Street,
The Brownout et j’en passe… autant d’airs qui s’insinuent gentiment dans nos oreilles, sans agressivité, sans "pimpage", sans frime ; juste de quoi laisser les deux compères nous faire partager leur délire simple et leur amour pour le hip hop d’avant 1996, date à partir de laquelle ils considèrent que "tout a réellement commencé à partir en couille" : les rappeurs n’ont plus commencé à parler que de se faire un max de thunes, appuyés par une industrie dirigée par quelques vieux ayant du mal à se défaire de clichés éculés.
Vous l’aurez compris, ce
Stepfather n’a vraiment rien de révolutionnaire. Mais il a le mérite de proposer, en 75 minutes, une musique sincère et fidèle au hip hop duquel est né leur amour de la musique. Un amour que les deux MC’s/producteurs font partager à l’auditeur réceptif sans aucun problème. En gros, si vous vous demandez à quoi jouait
Big Daddy Kane, ce que les gens pouvaient bien trouver à
A Tribe Called Quest, il y a de fortes chances pour que cet album ne vous touche pas outre mesure. Par contre, si vous êtes un tant soit peu nostalgique de cette époque, ou même ne serait-ce que réceptif à ce genre en voie de disparition, cet album pourrait bien être l’une de vos bonnes surprises de l’année.
Chroniqué par
Karlito
le 01/05/2006