Johannes Heil est de retour avec un album d'une efficacité à toute épreuve.
Freaks R Us est le mot d'ordre, et il est à moitié faux : pas grand chose d'excentrique dans ces dix tracks tous proches des sept minutes; avec un cahier des charges qui ne varie pas tout du long.
Les sonorités rêches et les petites bruits dans l'air du temps donnent le ton sur un titre éponyme d'abord sautillant, qui se corse bientôt sous l'impulsion de fréquences basses et de bleeps simplets.
All for one, le tellurique
Artology, ou le carrément terrassant
The Fool sont machiavéliquement construits pour faire cogner vos genoux.
Tree of life et
The Magician sont les titres qui marquent le centre de l'album. Le premier est tapageur avec ses râles très "coeur de la machine, coeur de la bête", avec un talkover de drogué, influence chicagoanne ; le second fonctionne dans le même genre d'intensité, version fuite en avant, jouant au pilote automobile - playmobil sur les autoroutes allemandes. Entre ces deux titres s'intercalle
Rescue Me, un des rares passages émotionnels du disque : tous les élements y concourrent dans une jolie obsession atmosphérique.
Quelques morceaux restent un peu basiques et ne valoriseront leurs boucles qu'en tant que DJ tools, enrichies par d'autres sillons (
Warrior of light). Néanmoins sur la fin,
Freaks R Us ménage les rares surprises d'un album qui ne se permet pas le luxe de l'âme et de la fantaisie, avec un excellent titre electro old school (
Last), puis un morceau sans beat,
The 1st, où des violons laissent affleurer le pathétique.
On réalise alors le contraste avec un ensemble tellement brut et implacable qu'on croirait entendre l'oeuvre d'un authentique robot.
Freak R US, une question pas si anodine : à la reflexion, le disque que ce titre détermine apparait acomme la démonstration du moment où l'artiste, homme ouvrier et savant, est devenu machine. Quoiqu'il en soit, si vous cherchiez une bonne tranche de techno contemporaine pour faire vibrer vos subwoofers, cet album au savoir-faire incontestable est la bonne réponse.
Chroniqué par
Guillaume
le 24/04/2006