Entendu récemment sur l’
homage immense rendu par
Alexander Von Schlippenbach à
Thelonious Monk, le clarinettiste
Rudi Mahall s’adonnait encore plus récemment à l’exercice du solo improvisé.
Grand admirateur de
Dolphy,
Mahall destine dès le départ un clin d’œil évident au
God Bless The Child du maître, précipitations circulaires et concentration directive à l’appui (
I). Débarrassé de toute retenue, il peut avancer ensuite sur terrains glissants, à pas comptés tout de même, pour ne perdre jamais de sa stabilité : distribuant couacs, frottements et grincements en guise d’ornementation facétieuse (
II), ou intronisant ces mêmes effets ossature équivoque d’une expérimentation légère (
VI).
Ménageant la chèvre expérimentale et le chou mélodique (sur
V, notamment),
Mahall dose avec minutie les combinaisons changeantes à extraire de sa clarinette basse. Estimant ici (
III) les effets de différents souffles sur la pratique de son instrument, il ne voit pas d’inconvénient à se laisser aller là (
IV) à un swing élaboré, et en revenir ainsi à
Lacy,
Monk, et même
Bechet.
Intelligent d’un bout à l’autre de son
Solo,
Rudi Mahall maîtrise avec une même aisance son instrument et le recours immédiat à ses influences musicales enracinées. Aisance qui va jusqu’à lui permettre une légèreté impérieuse, qui noue naturellement le contact entre un auditeur au sol et un musicien évoluant dans les hautes sphères.
Chroniqué par
Grisli
le 06/04/2006