DJ basé à Munich,
Muallem (prénom David) donne dans la soul digitale et le hip-hop futuriste, parfois rétro(-futuriste). Parfois, quand il décide que sa musique perd de sa teneur sexuelle, il compose un dancefloor track efficace (
Shant I Dance,
B About It). Le tout enveloppé dans une imagerie bon marché (voulue à mon avis, volontairement second degré) de club new-yorkais pourri, au look de bas-fonds seventies. Le
Frankie Splits, d’ailleurs, est le nom de son repaire new-yorkais préféré : on pourra alors penser que cet album est un hommage au génie du lieu, ses ambiances interlopes un peu surréelles.
Pour se faire croire à lui-même qu’il est new-yorkais (on peut faire de la musique à moins), le sympathique
Muallem s’entoure d’une brochette de featurings éclectiques, allant de
Shawn Lee à
Wordsworth et qui tracent, dans leur réunion, l’identité de cet album.
Cette série de featurings immédiatement reconnaissables définit la teinte particulière de chaque titre : le hip-hop digito-funky de
Lyrics Born (
2hot 2cold 2tough), la nu soul moite de
Martine Girault ou d’
Amazon (
Some Loving,
Are you ready ? ), les beats déviants et désarticulés du désormais intestable
Beans (
New Thunder), les morceaux cinématographiques issus des bas-fonds new-yorkais (
Cruising et sa référence au film crypto-fasciste de Friedkin,
Sweat, fausse bande-son de film porno électronique) : (chaque titre de)
Frankie Splits, avant d’être l’œuvre de son auteur, ouvre un espace de liberté et d’intervention pour chacun de ses collaborateurs. Ces participations nécessairement inégales sont la faiblesse de l’ensemble mais elles définissent également
Frankie Splits comme l’album d’un producteur bon artisan qui sait laisser la parole à la figure qui le représente et encadrer l’ensemble. Ce qui fait de cet album un essai plaisant mais qui manque – c’est dommage – un peu de souffle et d’ambition.
Chroniqué par
Mathias
le 05/04/2006