Si c’est généralement l’habitude de
Touch de produire une électronica (d’obédience ambient) de très grande classe,
Number One risque tout de même de surprendre, tant par sa rigueur conceptuelle que sa conception inhabituelle de l’ambient.
Collaboration entamée entre le batteur et percussionniste japonais
KK.NULL,
Chris Watson (field recordings et traitement du son) et
Z’EV (machines et fichiers sonores), elle démarre par un échange de mails entre
KK.NULL et
Z’EV. L’idée est de reprendre au théâtre No ses structures et de les appliquer à la composition. Les premiers sons considérés comme des personnages en évolution, il fallait ensuite les faire interagir entre eux à travers des scènes spécifiques, qu sont autant de paysages sonores différents : ici le mot scène vaut pour paysage. Ces personnages se détachent ainsi d’un sol sonore primordial constitué de field recordings. Trois étapes et trois collaborateurs : le compte y est.
Le plus étonnant dans
Number One reste que, au contraire de toute la production actuelle de field recordings ou presque, cet album est extrêmement lyrique, dans son projet comme dans son résultat. Utiliser le théâtre No à des fins musicales, c’est faire surgir à l’intérieur de la musique une action, une dramaturgie qui, en évoluant selon des schémas dramatiques et humains supposés connus et partagés par le lecteur, doit lui garantir un surcroît d’investissement émotionnel. Autrement, la grande rigueur et le hiératisme de la musique constituent ce fond lyrique sur lequel viennent prendre place des fragments d’histoires traditionnelles.
Le tout sur une conscience musicale nettement marquée de l’univers et de l’espace, la construction cyclique des field recordings favorisant une perception mystique de la nature où les sons ont été enregistré (l’Afrique de l’Est, paraît-il berceau de l’humanité).
Number One est donc un travail attachant et original, assez surprenant, parfois déroutant mais certainement recommandable.
Chroniqué par
Mathias
le 21/03/2006
