Après 5 années de collaborations en trio, le pianiste
Jacques Demierre, le contrebassiste
Barry Guy et le batteur
Lucas Niggli, profitent de l’enregistrement de deux concerts donnés en 2004 pour sceller officiellement leur entente.
Pour l’occasion, 7 extraits ont été choisis, consacrés tous à une improvisation à tête chercheuse. Sur
Whalebalance, notamment, où les musiciens évaluent leurs chances de mettre la main sur la formule immédiate et acceptable. Alors, à peine soulevé le voile léger de l’introduction, le trio choisit de multiplier les attaques annonciatrices de chaos. Lâché à son tour, celui-ci laisse dans son sillage quelques notes discrètes effleurant un silence à partir duquel tout serait à reconstruire.
A l’image d’un dessin de Ralph Steadman, les morceaux changent au gré des coups de musiciens qui se plaîsent à noircir – voire, tâcher - la page blanche de leurs idées fastes. Retenant leurs élans, avant de les pousser dans le dos, selon le rythme que
Niggli donne à l’ensemble, traitant un swing à la hache (
Les envahisseurs) ou ponctuant les pièces de coups légers sur cymbales (
Brainforest). Ailleurs, les gestes amples et les intentions lascives de
Guy décident à elles seules de la forme de
La fuente de la juventud.
Demierre, quant à lui, évalue ses propositions de façon plus concrète, multipliant les phrases nerveusement décousues (
Wucher) ou lâchant au bon moment quelques morceaux d’accords impétueux (
Brainforest). Soit, vient parfaire un exercice adroitement mené dans un tumulte où chaque turbulence révèle un monde à part entière, pour peu qu’on s’y attarde.
Chroniqué par
Grisli
le 22/02/2006