Partenaires réguliers depuis leur rencontre au début des années 1970 sur la côte Ouest américaine,
Thomas Buckner (chant),
Mel Graves (contrebasse) et
George Marsh (percussions), continuent aujourd’hui d’interroger ensemble les musiques nouvelles et l’improvisation.
Sur
Blanco, d’abord, œuvre écrite par
Graves à la demande de
Buckner, et que le chanteur interprète aux côtés de
Marsh. Là, le baryton promène son vibrato lyrique sur des percussions tentaculaires mais discrètes (
The Rivers of Your Body), plaidant toutes pour la polyrythmie singulière de
Marsh (
Transparency is All That Remains). Ici ou là,
Elizabeth Martinez récite en Espagnol des textes d’Octavio Paz. L’ensemble est apaisant, au moins tant que l’auditeur s’y trouve disposé.
Avec
Tsunami, ensuite, œuvre écrite par
Graves et
Marsh, qui commande au trio d’interprètes de revenir sur l’événement. De l’illustrer, presque, au son des réverbérations graves et inquiétantes du gong, des déferlantes évoquées par les roulements de batterie, et de l’intervention d’une contrebasse grinçante, accablante. Longtemps muet,
Buckner attend les dernières minutes pour adopter un ton sépulcral de circonstance.
Au gré d’improvisations courtes, enfin, multipliant les combinaisons possibles des trois musiciens.
Buckner oscillant du chef sur les ponctuations discrètes de
Marsh (
Buckner / Marsh),
Graves y distribuant ses pizzicatos élancés (deuxième
Graves / Marsh) ; un duo éloignant malgré l’envie les tentations mélodiques (troisième
Graves / Marsh), ou le trio terminant en tempête l’exercice imposé (
Buckner / Graves / Marsh).
Insondable, le phénomène qui rapproche avec justesse les 3 parties d’
Homage. Disque qui prône et tire avantage de la diversité des teintes élaborée à trois, et allège par-là même le propos exigeant.
Chroniqué par
Grisli
le 20/02/2006