Faire l’expérience de la musique de
Marc Wannabe (aka Marek Wantzéck), c’est un peu comme entrer dans une électronica où toutes les textures auraient été aplaties, le spectre réduit au minimum. Et pas dans une optique minimale – c’est là où les choses étonnent davantage – mais dans une démarche bien connue, la construction de ce qui reste – en dépit des détours empruntés pour y parvenir – des chansons.
Et tout d’abord, parce que le rythme catchy s’impose dans chacun de ces douze titres. Ensuite, parce que la musique de
Marc Wannabe évoque celle de
Suicide (les mêmes aplats de textures) et, bien que ces deux musiques n’aient pas grand-chose à voir en terme de production (l’une hi-tech, l’autre lo-fi), le rapprochement fortuit de leurs sonorités introduit un spectre punk à l’intérieur de la musique de
Marc Wannabe. Des détours pour construire cette musique, donc, mais pour aller avant tout à l’essentiel, vers un résultat d’une simplicité extrême, pour une musique qui défie violemment les lois les plus élémentaires de l’hygiène – exception faite de
Gurkensteiger qui mobilise des vibraphones sophistiqués.
Des détours, donc.
Marc Wannabe a élaboré cet album essentiellement à partir de sons issus de la bouche et de la gorge – à la manière du
Bodily Functions de
Herbert. Mais là où l’album de
Herbert se voulait conceptuel d’un bout à l’autre – faire danser le corps à partir du corps dans une musique sensuelle dont l’unité entre le son et la démarche serait, pour une fois, totale, la musique de
Things Don’t Last Very Long déguise son appareil conceptuel au profit d’une précision des textures, d’une immédiateté de ce qu’il reste à entendre. C’est là que réside la singularité de ce disque ainsi que son talon d’Achille : une simplicité séduisante qui peine à renouveler ses effets et ses stratégies sur la longueur.
Chroniqué par
Mathias
le 18/02/2006