Associé à la scène Illbient, dont
DJ Spooky est l’un des représentants les plus connus,
Dr Israel délivrait en 1998 son second album,
Inna City Pressure, devenu entre-temps un classique underground électro. Lequel est aujourd’hui réédité sur ROIR, remixé et remasterisé par
Dr Israel et augmenté de deux titres bonus,
Jacob Ladder et
Junglist, ainsi que d’une nouvelle version de
Revolution.
Fortement imprégnée de dub et de drum’n’bass, la musique du Doc va chercher partout sa nourriture et fait feu d’à peu près tous les bois, punk (
Coppers, avec
Rancid), musiques plus ambient (
Revolution, ou encore
Survivor) et tout le spectre des possibles contenus entre ces deux balises. La diversité des héritages mobilisés dans
Inna City Pressure (
Black Uhuru,
Black Sabbath,
Bad Brains,
Run DMC ou
Roni Size) permet à ce disque de dépasser le cercle des amateurs de dub et d’aller chercher son public partout où un amateur de musique est susceptible de se tenir : c’est sûrement le plus grand bienfait de ce disque, cette ouverture
worldwide qui l’autorise à se détacher des sacro-saintes références aux figures emblématiques du genre pour produire un disque beaucoup moins contextualisé qu’il n’y paraît, beaucoup moins affilié que prévu – en dépit de la teneur extrêmement politique des lyrics. Album-concept de reggae qui a moins à cœur de faire passer les bonnes vibrations entre les auditeurs que de renouveler les métissages qui ont eu cours vers 1998, d’apporter du sang frais.
Avec presque dix ans d’âge, on mesure ce qu’a apporté
Inna City Pressure à la scène dub. Et si l’écriture semble désormais porter les marques de son temps (certains effets, certaines rythmiques qui commençaient tout juste à décoller en 1998), l’efficacité de cet album n’a pas pris une ride. Ce que peut proposer
Inna City Pressure à ses auditeurs en terme d’énergie, de mouvement et d’impulsion est bel et bien là, et le rapport hédoniste entre l’auditeur et la musique n’a pas non plus été sacrifié sur l’autel de la recherche formelle. Une bonne nouvelle qui donne à cet album un équilibre harmonieux et qui confirme son actualité à ce classique.
Chroniqué par
Mathias
le 18/02/2006