Less is more, une fois n’est pas coutume : le label
Non Visual Objects publie sa cinquième livraison, et son disque le plus minimal à ce jour.
Interpretation of minimalism, pourtant, dit le credo du label : c’est qu’ici, tout est renversé, et le minimal ne saurait accepter plus sans que quelque chose lui soit retranché, ou accueillir moins sans que quelque chose – la minimalité précisément – soit en excès, produise un excès : en l’occurrence un excès d’attente, de vide en instance de plénitude, à la manière de la peinture à l’encre orientale : échange permanent entre le vide et le plein, suspension de l’encre entre deux eaux.
C’est précisément ce qui a lieu ici, où le son court le long d’une ligne claire exactement équilibrée, exactement située entre le trop et le pas assez. Longue plage instru/mentale,
Tracing évolue lentement, de nappes colorées en micro-touches granuleuses, de tourbillons à peine audibles en feulement prêts à disparaître : une ambient ni évanescente ni vaporeuse, d’une précision au contraire sans faille, rigoureusement découpée dans la matière sonore, matière pleine à laquelle
Richard Chartier s’est appliqué à retrancher autant que faire se pouvait. Ce geste d’évidement, d’épuration et d’assèchement constitue ici la source de la musique : comme si le travail du musicien rejoignait la pratique de l’ascète, longue méditation en approche du zéro – une démarche aussi rigoureuse et exigeante qu’un sacerdoce. Rien n’aura eu lieu que la musique, ici. Démarche risquée tant elle va à contre-courant des tendances de la production actuelle, mais dont l’exigence, la pureté et la rigueur nous convainquent sans mal de sa valeur.
Chroniqué par
Mathias
le 09/02/2006