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Birgit Uhler

: Scatter



sortie : 2005
label : Creative Sources
style : Musiques improvisées

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Tracklist :
01/ Negative Shape
02/ Aluminium Scatter
03/ Copper Scatter 1
04/ Elements
05/ Possibilities
06/ Metal Scatter
07/ Spill
08/ Copper Scatter 2
09/ Other Sounds
10/ Konzentrat (edited version)

Trompettiste de toutes les contrariétés, Birgit Uhler ne craint pas d’accumuler celles-ci à mesure qu’elle retranche des notes à son jeu. Après John Cage, (4’33’’ et Music of Changes) et ses expériences sur le silence et le hasard, nombreux sont les suiveurs qui ont remis à profit un silence plus conceptuel que sensoriel ou spatial, recuisinant sans nécessité la recette du maître. Le silence de Birgit Uhler est heureusement de ce dernier ordre : sensoriel, spatial, découpe et silhouettage d’un lieu vacant pratiquée dans l’épaisseur du son. Imaginez-vous la trompette de Birgit Uhler comme un instrument qui viendrait inciser des formes vides à l’intérieur de surfaces métalliques, jusqu’à ce qu’il reste juste assez de métal pour faire apercevoir le vide. Sonorités brutes, rythme décharné de motifs récurrents, c’est ainsi qu’apparaît la musique de Birgit Uhler, minimale sans être géométrisante, minimale et informelle, élémentaire, moins-que-chaotique si l’on considère le peu de profusion à laquelle elle donne lieu. Un processus de lente épuration dont le terme se trouve ici, dans Scatter.

La démarche est poussée ici à une extrémité telle que le lieu vacant enfle et ne laisse plus subsister que quelques copeaux de notes, lambeaux de trompette, éléments peu à peu disséminés, dilapidés, essaimés, disloqués. Ces traces de souffles et de son deviennent une manière de résister à une vacance toujours plus menaçante, une manière de gribouiller compulsivement quelques empreintes pour ne pas tout à fait disparaître. Opposer un marmottage balbutiant et brut, sorte d’ultime rempart au silence, pas situé sur un plan musical mais plutôt dans le cœur du son, du timbre et de l’instrument, là où celui-ci est bruit avant de devenir musique. Birgit Uhler ne s’embarrasse pas de grammaire et invente plutôt son propre langage parlé par elle seule, son code non chiffré, inventé à des fins non de communication mais purement fonctionnelles : repousser l’absence (de son, d’être, d’objet musical), affirmer une présence vacillante, frémissante – une parole sonore performative dont le baragouin réitéré avec lancinance, enroulant les notes les unes sur les autres avec une patience qui confine à l’acharnement, ne dit jamais rien mais signifie toujours, peu ou prou, « je suis là, moi, au milieu de rien ». Ce minimalisme, même s'il se résume à presque rien, s’ouvre et s’achève physiquement, il met en jeu une gestuelle primordiale, de minuscules mouvements de survie qui découpent des formes vides comme l’on jette des cailloux dans l’eau, pour faire des ronds et attester de l’existence.


Chroniqué par Mathias
le 08/01/2006

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